Un ratage ? Vraiment ?

On pouvait avoir peur.
On pouvait avoir peur de ce film Power Rangers.
Déjà parce que c'est Power Rangers, hein, alors ça pouvait être ridicule et kitsch.
On pouvait aussi craindre l'aspect serious business du film, qui aurait pu virer dans l'émo pour ados à la con.

Mais non.
Power Rangers 2017 est un bon film.

Ce n'est pas tant un film Power Rangers qu'un film sur les Power Rangers. Là est la nuance.

Parce qu'au fond, c'est quoi Power Rangers ?
C'est une série culte des années 90 qui a fait rêver tout plein de petits occidentaux de merde en repompant une série de sentaïs culte qui en a mis plein la vue à un tas de petits asiatiques à la con, mais c'est surtout une série kitsch. Bourrée d'incohérences. Ridicule (genre l'herbe qui explose !). Et plein d'autres adjectifs péjoratifs.
Bref, Power Rangers, c'est une licence qui a mal vieilli.
Et le piège dans lequel aurait pu tomber ce film, à mon sens, ç’aurait été de faire un reboot stupide et nanardesque façon Tortue Ninja ou Transformers, des films qui sont soi-disant conscients de leur propre bêtise, mais qui sont en fait totalement dénués de maturité.
Mais Power Rangers, et c'est là le tour de force, ne tombe pas dans cette facilité, et assume pleinement son concept farfelu de super-héros en armures colorées qui se fritent contre des méchants aliens en méchas qui fusionnent entre eux pour faire un plus gros mécha pour casser la bouche d'un méchant stéréotypé.

Mais non seulement il assume pleinement son concept en étant hyper premier degré, mais en plus il le fait bien.

Le film réadapte la licence Power Rangers pour qu'elle parle au public moderne, un peu à la façon dont les super-héros ont traversé les décennies en se calquant sur les changements de modes de pensée.

Pour se faire, il choisit de faire de ses 5 personnages principaux, les Rangers, des parias, des petits moutons noirs avec des problèmes humains.
Le rouge, c'est le voyou au grand cœur ancien sportif qui doit assumer ses responsabilités pour devenir un vrai leader.
Le noir a sa mère malade et passe beaucoup de temps à l’extérieur plutôt qu'à la maison pour ne pas trop y penser.
La jaune (non non, elle est pas asiatique) a de gros problèmes de sociabilité et est un peu rejetée par ses parents à cause de son homosexualité.
Le bleu, c'est l'intello sans amis mais empli de bonnes intentions.
Et la rose, c'est la victime de cyber-harcelement de la part des pétasses blondes du lycée.

Et tous ces petits gars réunis sous une seule et même bannière vont devoir apprendre à compter et à apprendre les uns sur les autres pour devenir un véritable groupe solide près à se battre pour faire régner l'ordre et la justice sur notre belle planète bleue.

Cliché, dites-vous ?
Oui, certes, mais ça reste des personnages bien plus intéressants que la bande de beaux gosses parfaits sans charisme que l'on se tapait dans la série Power Rangers d'origine !
Eh oui, dans Power Rangers 2017, on s’intéresse aux Rangers, on assiste à la naissance d'un groupe.
Ça parait tout con, dit comme ça, je sais, mais c'est bien quelque chose dont la série d'origine ne se souciait même pas.

Alors oui, certes, pour ce que l'on gagne en développement de personnages, on en perd en action, puisqu'au final, il n'y a qu'une seule vraie scène de baston, et elle se situe à la fin du film.
Mais en soi, cette structure respecte le matériau de base, puisque dans la série, l'histoire de chaque épisode se résumait comme suit : Tranche de vie --> Bagarre sans costumes --> Bagarre avec costumes --> Bagarre en Zords contre un monstre géant quelconque --> Apparition du MegaZord, destruction du monstre géant, fin.

Eh bien, dans Power rangers 2017, on a ce concept, mais étalé sur 1h40 de film. Avec une grosse place laissée au quotidien des personnages, vous l'aurez compris.
C'est vraiment un gros hommage à la série tout en y apportant un vent de fraicheur.
La dernière partie du film est vachement bien, l'action est au rendez-vous sans être un foutoir numérique. Et le combat final au MegaZord est... Super trop bien !

Oui, certes, Power Rangers a des facilités d'écriture, comme par exemple le fait que la méchante, la géniale Rita Repulsa, se retrouve comme par hasard sur un bateau qui comme par hasard va retourner au port de la ville de nos jeunes héros.
Oui, certes, le film n'est pas aussi riche en action qu'on aurait pu le souhaiter.
Oui, le film survole un peu la psychologie des personnages qui ne sont du coup pas très profonds niveau personnalité.

Mais !
Mais on ne pourra pas reprocher à ce film de manquer de cœur. Les gars derrière le film étaient pleins de bonnes intentions, ils ont fait un très bon hommage à Power Rangers.
C'est un film certes perfectible, mais sincère et divertissant.
Je ne demandais qu'une seule chose à Power Rangers : Être divertissant et amusant.
Il l'est, je suis content, mais Internet pas trop.

Vivement la suite !