C'est ironique que Jean-Luc Godard (avec le collectif Dziga Vertov), fasse preuve d'autant de mépris. Mépris du bourgeois (on s'y attendait), mépris du prolétaire, mépris du spectateur, mépris de tous ceux qui penseraient différemment !

Le film est une froide envolée lyrique sur la dictature du prolétariat, ignorant (ou oubliant) tout du passé. Pravda n'est que snobisme bourgeois, fait par des bourgeois méprisant les bourgeois parce qu'ils sont eux-mêmes bourgeois ; sans jamais se remettre en cause. Des bourgeois affirmant qu'il faut "détruire pour construire"... Les Dziga Vertov ont la prétention de donner la parole aux ouvriers qu'ils interrogent tout en coupant leurs discours au montage et en ridiculisant leurs propos.

Contrairement aux autres films de ce collectif comme Un film comme les autres ou Le vent d'est, qui construisaient une pensée pendant le montage même du film, proposaient de nombreuses contradictions et une richesse de discours, ici, le flux de pensée est unique. On est maosiste-leniniste, ou on est un con. Pravda amène cependant (malgré lui) à se questionner sur le concept de "message" dans l'art. Peut-on cacher un message dans un film ? Personnellement, je pense que la réflexion et l'indignation dans un film ne vient pas d'un message mais de la transmission de faits et de ressenties. Je ne pense pas qu'une oeuvre d'art soit un prospectus politique.

On retiendra tout de même quelques punchlines sympathiques comme : "Quand ils disent " informations", il faut entendre "déformation"". Phrase que le film aurait pût s'appliquer à lui même.

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le 23 juil. 2018

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