Il est très bien ce film ! Qu'est-ce que vous avez tous à le boycotter ? Pour un film policier, je trouve ses propositions scénaristiques intéressantes et fort touchantes. La trame et les fausses pistes proposées par le récit fonctionnent bien. Le film a l'audace de sortir de la problématique de l’enlèvement pour rejoindre les tristes concepts de manipulation sentimentale et des privilèges sociaux.
On voit qu'Asghar Farhadi s'est bien familiarisé avec la culture espagnole avant de rédiger son scenario révélant (comme son titre) la force des tabous et de l’hypocrisie, des mentalités changeantes et notamment penchant vers une xénophobie certaine vis a vis de l'immigration.


Je fus touché par l'utilisation de la symbolique : Dans la première séquence, on y voit des pigeons prisonniers dans le clocher d'une église tentant tant bien que mal d'en sortir par un trou dans l'horloge. Dans le dernière séquence (si je m'en souviens bien), la croix du Christ crucifié est lavée au Karcher, comme si la ville était nettoyé de cet épisode qui restera tabou.
Je n'ai bien sûr pas été insensible au travail des comédiens qui n'ont, pour la plupart, plus rien à prouver après la filmographie édifiante qu'ils laissent derrière eux.


Bien évidemment, le film a ses défauts et notamment scénaristiques. Les changements de focalisation sont souvent inopinés et permettent au récit de prendre d’énormes raccourcis et de se sortir à l'aide de petits passements de jambes de situations indénouables. Je pense notamment à la séquence où l'on découvre les ravisseurs et les complices (complétement gratuitement). L'apparition du père, paraissant presque magique (Argentine-Espagne en quelques heures) fait aussi partie des facilités qu'Asghar aurait put éviter mais bon, on le pardonne ; on l'aime bien !


En bref, Everybody Knows n'est pas le film de l'année et certainement pas le meilleur d'Asghar Farhadi. Cependant, je l'ai trouvé prenant, drôle et principalement bien mis en scène. Mais bon, comme on dit: "Les goûts et les couleurs". Si vous n'avez pas du tout aimé, ne vous formalisez pas et ne vous empêchez pas de découvrir la filmographie d'Asghar Farhadi où, j'en suis sûr, vous trouverez votre bonheur.

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le 7 juin 2018

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