A Hollywood, il y a eu, il y a et il y aura des milliers et des milliers de yes-man, plus ou moins talentueux, qui emballeront plus ou moins bien des films d'action ; et puis dans le genre, des milliers et des milliers de kilomètres au-dessus, il y a John McTiernan...
Predator sur le papier a tout du film d'action bien bourrin, fait pour divertir pendant 105 minutes, consommer un maximum de pop-corn, avant d'être oublié à peine sorti du cinéma. Mais il y a la touche McTiernan, qui fait toute la différence, pour faire passer un film de commando à un film survival de SF d'une manière percutante, perturbante et inoubliable.
On ne manquera pas d'abord de souligner un casting d'acteurs, aux biceps de l'épaisseur d'un jambon, impeccables dominés par un Arnold Schwarzenegger qui n'a jamais été aussi excellent et charismatique, aux punchlines bien affûtées et très drôles ("Stick Around", "You are one ugly motherfucker!" !), qui parvient subtilement à faire passer son personnage de fort et indestructible chef de commando à un homme non dénué de fragilité et qui tombe de plus en plus dans une sauvagerie indispensable pour survivre.
D'ailleurs, c'est ça la grande force du film, que John McTiernan a su à merveille exploiter. Montrer des membres de commando qui maîtrise à la perfection et avec un redoutable sang-froid leur boulot (ce qui fait que la scène d'attaque du campement, évidemment spectaculaire et impeccablement réalisée, comme techniquement tout le reste du film d'ailleurs, est pleinement justifiée car soulignant mieux ce fait !) pour peu à peu, face à un extraterrestre particulièrement sanguinaire qui n'a d'autre but que celui de tuer pour le plaisir un maximum d'êtres humains de la façon la plus excitante pour lui, perdre leur moyen. La seule chance de survie est de retourner à l'état sauvage.
Bien aidé par la BO d'Alan Silvestri, le réalisateur nous fait plonger dans une atmosphère dans laquelle l'angoisse devient très vite palpable par des choix de mise en scène intelligents. En particulier quand il nous montre que progressivement la créature, quand il nous donne quelques plans subjectifs à travers la vision brouillée de cette dernière.
La fin est le couronnement du tout dans l'excellence. Rarement, on ne peut être autant en empathie, c'est-à-dire aussi éberlué que lui, avec un personnage de cinéma que lors de sa dernière réplique face au monstre. Un final troublant, et donc particulièrement réussi, pour ce qui est sans conteste une des plus grandes réussites du film d'action, et même bien au-delà... C'est ça la très grande différence entre le cinéma de John McTiernan et celui des autres.