Le film présente l'originalité de passer d’un genre à un autre. C'est d'abord un film de guerre américain classique où Schwarzenegger, ses muscles, son accent autrichien à couper au couteau et ses camarades de section sont envoyés dans la jungle sud-américaine pour sauver des civils pris en otages par des terroristes. Ce petit groupe fait ce qu’il doit faire : il cherche, il traque, il tire et il tue.


Et soudain, tout s’inverse. Le film de guerre devient un film de science-fiction, les bourreaux deviennent les victimes, les chasseurs deviennent les proies et l’ennemi, jusqu'alors parfaitement défini, devient inconnu et imprévisible.


L’idée est intéressante. Mais nous sommes à Hollywood, au beau milieu des années 80, avec un Schwarzenegger au paroxysme de sa gloire. Il n’est ni vieux, ni gouverneur, et prêt à affirmer sa domination du box-office pour encore un certain temps. On est donc face à un produit symptomatique d'une époque et d'une culture qu'il est important de regarder comme tel.


"Predator" fonctionne selon un schéma connu. La première demi-heure est consacrée à Arnold, à ses biceps et à ses talents de meneur, la seconde décrit la dissémination un à un de ses acolytes, remplis à ras bord de testostérone, d'une gênante vulgarité et dénués de la moindre psychologie (on notera la présence de Shane Black, créateur de "L'arme fatale"), et la dernière nous montre comment Arnold vient seul à bout d’une bête étrange.


Attardons-nous d’ailleurs sur cette bête. Il est assez surprenant de voir qu’une suite et plusieurs reboot/spin-off lui aient été consacrés, alors qu’aucune mythologie ne lui est inhérente. C’est un chasseur. Il vient d’une autre planète et vient sur Terre pour tuer, parce que c’est dans sa nature. Et c’est tout ? Il aurait pu être intéressant de donner du grain à moudre à l’imaginaire collectif… Les Aliens, par exemple, ont pour finalité d’être utilisés comme armes de guerre et sont donc une preuve de la folie meurtrière des hommes. Ils ont une raison d'être, ils s'inscrivent dans un contexte, dans une idée qui fait le lien d'un film à l'autre. Le Predator, lui, n'a pas de raison d'être. Il chasse, et c’est tout. De plus, et c’est ici un avis purement personnel, il est assez ridicule. De loin, il a tout d’un homme, mais de près... il est absolument horrible, il n'y voit rien, il est à moitié sourd et, surtout, il a des dread locks… Qu’a-t-il bien pu se passer dans l’esprit de son créateur et dans celui des producteurs pour accepter de lancer une franchise basée sur une telle créature ?

AlexLeFieutard
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le 28 août 2012

Modifiée

le 30 août 2012

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AlexLeFieutard

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