"Le plus dur c'est pas la chute, c'est l'aterrissage..." ou "Dead On Arrival..."

Bon je reconnais, je me suis totalement laissé "hiper" par le sujet. Un film qui décide de parler d'un premier contact en l'abordant sous l'angle de la linguistique, ça m'a juste trop parlé. Alors je savais bien que y aurait quand même une présence militaire, qu'ils s'en serviraient à un moment ou à un autre, que probablement aussi le film allait essayer de transcender son sujet, mais tout ça je le voyais positivement, et j'avais plutôt raison de faire ainsi sur certains points. Sur certains points seulement...


Plusieurs fois est coutume, je vais encore ici survoler le positif pour arriver le plus vite possible au négatif, et même si j'en ai mare de le préciser dans chaque critique, pour le coup mon grief principal est tellement subjectif que je me sens obligé de l'annoncer encore une fois.


Donc on a un film qui ne ment pas, ou peu, dans les attentes qu'il génère chez un spectateur comme moi. Il est intéressant, y a de bons acteurs (même si la lead, bof quoi), la réa est léchée, la photo particulièrement, c'est beau, ça sonne bien, bref, plutôt objectivement un bon film. Mais.


Mais déjà, moi je m'étais surtout hypé sur la linguistique, et déjà là-dessus je suis quelque peu resté sur ma faim. C'est bien abordé hein, ça constitue même en quelque sorte un des piliers narratifs si ce n'est LE pilier principal. Mais j'ai quand même eu un sentiment de trop peu, et paradoxalement presque un sentiment de "trop" dans le côté fiction. Ouais pour un fan de S.F. ça se pose là comme grief quand même déjà.


Et désolé pour la suite, mais il va y avoir beaucoup de spoil.


Pour préciser le point précédent déjà,


il faut spoiler le fait que les extraterrestres sont là pour transmettre leur langue aux humains pour les aider à vivre entre eux pour leur demander un service dans longtemps. En gros. Mais vu qu'ils ressentent le temps différemment d'en ligne droite comme nous, ils ont conçu une langue qui exprime cela. Sauf que genre suffit que t'apprenne leur langue pour que "pouf ça y est je peux ressentir le temps comme eux".


Comment dire que rien que pour ça il aurait fallu passer un peu plus de temps à développer les échanges avec les extraterrestres et un peu moins à inventer une histoire parallèle dramatique à ta perso principale, sensée, comme je le disais plus haut, transcender le sujet de ton film. Car plutôt que de rentrer vraiment dans le vif du sujet autrement qu'en survolant 2 ou 3 sujets de linguistique communs, le film préfère se perdre dans un méli-mélo dramatico-tragico-prout-prout qui aurait pu avoir l'effet escompté sur moi (à savoir me faire pleurer à chaudes larmes), s'il n'avait été d'une part complètement branlant d'un point de vue purement scénaristique, et d'autre part, et surtout, selon moi, profondément douteux dans son propos.


Et je vais devoir repartir en territoire spoilers pour préciser à nouveau.


Au début du film, on voit une séquence qui nous laisse penser que l'héroïne a eu une gamine qui est morte très jeune d'une maladie incurable. Mais quand elle acquiert la connaissance linguistique des E.T. et donc leur capacité à "voir le temps" on comprend qu'en fait elle l'a pas encore eu, qu'elle va l'avoir avec l'autre héro, et qu'il va la larguer parce qu'elle va lui dire qu'elle savait qu'elle tomberait malade et a quand même choisit de l'avoir, SANS RIEN LUI DIRE.


Ca va faire un long spoiler mais tant pis, ça me gène sur deux points :


1 : Le film lui-même tend à nous faire comprendre que la séquence de la gamine au début était un leurre, qu'on l'a prit comme un souvenir de la mère alors que c'en était pas un. Mais c'est de la triche scénaristique. Un retournement ne fonctionne que si tu as les pièces du puzzle, mais juste pas le temps (du film) pour le comprendre avant le big reveal. Si le réal te montre un truc en te faisant comprendre que ça appartient au passé de ton héroïne, et qu'à la fin tu comprends que "bah non, c'était juste pour que le twist ait un impact, que tu saches que y avait une gamine dans l'histoire", bah certes ça renforce l'impact purement "émotionnel" du bordel, mais ça lui enlève quand même son principal effet, à savoir la surprise REALISTE.


Et 2 (et je préfère prévenir, on entre dans le principal grief subjectif) : c'est putain de douteux comme message, non ? Parce que du coup il parle de quoi ce film ? D'une meuf qui a privilégié les joies des moments passés avec sa fille, au dépend de sa relation future (lors de la mort de la gamine) avec son homme. Jusque là, en soit, ok, soit, presque envie de dire "beau message". Sauf que, puisqu'on en parle souvent pour les femmes, là on peut aussi en parler non ? Qu'en est-il du consentement du monsieur ? Parce que si tu sais que ta fille va mourir, avant de même être avec le mec hein, tu crois pas que tu te DOIS de le prévenir ? Et pas juste lui faire la gosse dans le dos et ensuite "bah désolé chéri, mais j'ai préféré que tu profites un max de ta potentielle fille pendant sa courte durée de vie (parce que oui, je pense que ça part d'un bon sentiment quand-même) plutôt que de te laisser le choix de l'avoir ou non. Parce que qui te dit que le mec aurait pas accepté d'avoir la gosse quand-même ? Et que du coup vous auriez pu vous soutenir à sa mort, plutôt. Préparés que vous auriez été... Surtout que c'est un film, je le rappelle juste au passage, SUR LA PUTAIN DE COMMUNICATION ENTRE LES GENS BORDEL DE B*** A C**. Et puis même si du coup il veut pas l'avoir, dans ce monde surpeuplé, c'est si libertaire ou révolutionnaire de vouloir se conforter dans la traditionnelle formation familiale ? Du coup c'est un message de féminisme ou de patriarcat ? Ou aucun des deux ? Ou les deux ?


Bref, je dis pas que le film est mauvais à cause de ce choix, je dis même pas que le film est foncièrement mauvais en soit (même si j'ai hésite à mettre 5...), mais juste qu'on a clairement l'impression en sortant que ce choix a été fait par pure facilité scénaristique, en mode "Oscars for the win/Mélo-power/Tear-dropper", sans réellement se poser les questions (sans forcément répondre à toutes, mais au moins se les poser) que ce double sujet au final pouvait permettre de développer.


J'ai l'impression que c'est assez rare pour que je ne l'aie encore jamais dis dans une critique, mais j'ai presque l'impression que c'est le genre de "semi-gros budget assis le cul entre deux chaises (grand spectacle/réflexion)" classique, mais qui pour une fois pêche plus par son côté "réflexion" que grand spectacle... Bref, bon film mais grosse déception...

BlackLemmi
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le 11 janv. 2017

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BlackLemmi

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