Critique initialement publiée sur CloneWeb. Attention, spoilers légers.


En une poignée de longs métrages, Denis Villeneuve s’est imposé comme un réalisateur important au point que Ridley Scott lui a confié la réalisation de la suite de Blade Runner avec Harrison Ford et Ryan Gosling. Après Sicario, il entre gentiment dans le domaine de la science-fiction avec Premier Contact, une manière de vérifier s’il a autant les épaules solides pour réaliser un thriller se déroulant en Pennsylvanie que les prochaines aventures de Rick Deckard.


Premier Contact raconte l’histoire d’une linguiste incarnée par Amy Adams, embauchée par le gouvernement américain pour communiquer avec rien de moins que des créatures extra-terrestres ayant installé différents vaisseaux aux quatre coins de la planète et, contrairement au film de Roland Emmerich, se contentant de ne rien faire qu’attendre qu’on soit capable de communiquer avec eux. Avec l’aide d’un scientifique incarné par Jeremy Renner et une tripotée de militaires, elle va découvrir comme une civilisation venue de très loin s’exprime et commencer à les comprendre.


Basée sur une nouvelle écrite par Ted Chiang, l’histoire d’Arrival se révèle intéressante dans sa première partie, très technique, à la limite du blabla pour nerds aimant décrypter des langues. Amy Adams se révèle être taillée pour le rôle et Renner livre une prestation toute en retenue. Villeneuve, lui, aidé par Bradford Young à la photographie cite ses maitres. On pense évidemment à Stanley Kubrick et à son 2001 pour un plan défiant la gravité ou encore à Steven Spielberg, Rencontre du Troisième Type n’étant pas bien loin.


Premier Contact aurait pu être un grand film, d’autant que l’acte ultime du récit est une trouvaille particulièrement réussie et bien exploitée, voulant insuffler une émotion dans une histoire qui se voulait très technique, sorte d’Interstellar réussi, dont on ne devine pas le dénouement dès les dix premières minutes du film. Quelques idées de montage et de mises en scène viennent favoriser la sensibilité de la fin de l’ensemble, posant des questions existentielles au réalisateur (ou pas d’ailleurs, puisque le choix de l’auteur de ses lignes était tout trouvé dès la révélation).


Sans trop en dire, il faut bien comprendre que les « flashbacks » qui ponctuent le récit dès la scène d’ouverture, comme des visions ou des rêves faits par Amy Adams, ont une importance capitale dans le dénouement. Le problème, c’est que Denis Villeneuve ouvre son film sur une séquence de ce type alors que -techniquement et pour une raison bien précise qu’on ne dévoilera pas- il n’est pas possible à l’héroïne du film de voir tout cela dès le début. De fait, le réalisateur cherche à tromper son spectateur qui se sent floué par ce montage malhonnête.


Il en rajoute une couche avec une ellipse temporelle qui rend toutes les recherches linguistiques peu crédibles. Tout l’aspect intéressant du premier acte est balayée d’un revers de la manche par cette grosse ficelle scénaristique. Amy Adams commence à comprendre comment communiquer avec les créatures semblant sortir d’un bouquin de Lovecraft. Puis, d’un coup, on avance dans le temps et tout est déchiffré. Le fameux « ta gueule, c’est magique » nous empêchant de comprendre quelque chose qui se voulait résolument scientifique et crédible depuis le départ. Difficile alors d’accorder du crédit à l’aspect scientifique pourtant sérieusement mis en avant dans la première partie.


Plutôt joli, bien filmé, porté par des acteurs qui y croient, Premier Contact est techniquement irréprochable. Mais à l’instar d’Interstellar, il galère à mixer correctement des émotions fortes et une rigueur scientifique poussée, dont le résultat final se révèle être peu crédible. C’est ici d’autant plus dommage qu’il ne manquait pas grand chose pour que ça fonctionne.

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le 6 déc. 2016

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