Hayao Miyazaki est au sommet de son art, à mon sens, lorsqu'il s'adresse à un public relativement mature. Son chef d'oeuvre est, pour moi, "Porco Rosso". Mais avec "Princesse Mononoké", il s'est à nouveau approché (de très près) de ce sommet de sa carrière.
Sombre, torturé mais malgré tout optimiste, cette histoire écologiste s'attaque une nouvelle fois aux bêtes noires du réalisateur : la perte des traditions, le capitalisme outrancier et la destruction de la nature qui en résulte.
Même si le message devrait être entendu le plus tôt possible, ce film n'est pas à mettre entre toutes les mains : il contient étonnamment quelques scènes de violence graphique déconcertant pour le studio Ghibli mais qui ne semble pas gratuite. Cela fait partie des dilemmes qui torturent Ashitaka : sa volonté de pacifier le monde se heurte à la nécessité d'utiliser la violence pour se défendre ou défendre les plus fragiles.
C'est ce qui rend ce film si intéressant : les personnages sont complexes. On ne peut pas dire que untel est bon et untel est mauvais. Chacun agit selon son système de valeurs et ce qui lui semble juste. Parfois, un personnage fait les choses bien, et parfois il fait des choses critiquables moralement.
La complexité des personnages semble entrer en opposition avec une histoire simple mais intéressante. Ces deux aspects du long-métrage sont pourtant complémentaires. Et ils sont magnifiés par une très belle animation et une (encore une fois) magnifique musique de Joe Hisaishi.
"Princesse Mononoké" se hisse en haut des films du studio Ghibli, sans aucun doute possible !