"Le nouveau Seven !" ; "Hugh Jackman au sommet !" : beaucoup de descriptifs élogieux pour ce film mystérieux.

"Prisoners" reste un thriller noir classique, comme les Américains savent si bien le faire... Mais cela n'empêche pas d'être en face d'un film de qualité, admirablement bien mis en scène, bénéficiant d'une belle photographie et qui, malgré sa longueur et son rythme posé, nous tient en apnée de A à Z.

Le film débute dans un ambiance joviale de Thanksgiving, malgré l'atmosphère glaciale de Pennsylvanie. Une scène familiale ordinaire entre voisins, qui se terminera par un drame inquiétant : les petites filles des deux familles amies viennent de se faire kidnapper. Aucun témoin, aucune trace, juste un camping-car suspect...
Et c'est ainsi que va débuter l'enquête policière. Une enquête progressive, périlleuse et longue, mais qui n'aura de cesse de nous questionner et de nous angoisser.

La force de "Prisoners" ne réside pas véritablement dans son scénario, qui une fois mis bout à bout, se révèle finalement assez convenu. Toutefois, la construction du récit est très habile, car le facteur humain rentre littéralement en jeu. A travers le personnage de Hugh Jackman, nous comprenons la souffrance et la peur d'un père qui a perdu sa fille. Une peur qui va le pousser dans ses derniers retranchements, libérant une violence extrême. Keller comprend très rapidement que la police ne fait pas son job comme elle le devrait, ce qui le motive à faire cavalier seul. De fait, le père de famille deviendra également un suspect aux yeux de l'inspecteur Loki, en charge de l'affaire.

Les pistes de l'enquête sont donc dictées par le comportement des victimes. Le premier suspect sera le souffre douleur de Keller. Et toute la haine du père apeuré se témoignera sur le corps de ce prisonnier. Plus l'enquête avance, plus nous comprenons que ce suspect n'est pas le bon. Pourtant, nous continuons à le croire, car Keller y croit. La trame policière se transforme ainsi en une sorte de drame psychologique, où nous sommes partagés entre les séquelles des victimes, leur ignorance et la brutalité des faits.

Beaucoup de scènes percutantes viennent ponctuer ce récit tortueux. Des scènes misant sur une violence malsaine, sur une tristesse exacerbée, ou encore une peur incontrôlable.
Hugh Jackman étonne par la justesse de son interprétation, le visage creusé, les traits tirés, l'humeur froide. Jake Gyllenhaal est le parfait contrepoids pour ce duo d'acteurs, en campant un flic aussi nerveux qu'inexpressif (son tic des yeux n'a pas fini de vous agacer !). Enfin, Paul Dano est épatant dans le rôle du suspect devenu victime.

"Prisoners" est un film plus que réussi. Reposant sur les recettes traditionnelles du thriller noir, ce film arrive toutefois à nous troubler par l’ambiguïté de certaines situations, la justesse émotive de quelques scènes et par la dureté de certains actes. L'excellent final, d'une neutralité inattendue, en est la démonstration directe.
Théo-C
9
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le 6 nov. 2013

Critique lue 396 fois

5 j'aime

Théo-C

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