On ne le croirait pas au premier abord mais Christopher Nolan et Denis Villeneuve ont au moins un point commun : la volonté d'inscrire leurs héros dans un monde réel, tout en les y poussant dans leurs derniers retranchements. A cet égard, Prisoners fait mieux que le dernier film de Villeneuve, Incendies, sur bien des points : un meilleur casting (dans le sens qu'il est plus adéquat), un meilleur rythme et une meilleure cohérence.
Malheureusement, Prisoners n'est pas sans défaut. Il partage avec son prédécesseur un problème d'intensité : l'idée du film va loin, tellement loin, que j'ai décroché tant ça me paraissait tordu. Je n'en révélerais pas davantage pour ne pas déflorer l'intrigue mais à trop vouloir explorer la nature humaine, j'ai vraiment eu l'impression que Denis Villeneuve s'était perdu.
Autre défaut : ses personnages. Tous sont survolés à part celui de Hugh Jackman, montrés de manière superficielle ou juste pour servir de faire-valoir (pauvre Cuba Gooding Jr.). Il y avait matière à mieux.
Mais malgré ses défauts, le film reste à la hauteur de ses intentions, naviguant entre Zodiac et Gone Baby Gone. Ce n'est déjà pas une mince réussite.