J'ai longtemps hésité à me lancer dans ce Projet Almanac, les critiques étant ce qu'elles sont. Et puis, quand on regarde l'affiche, on se dit vraiment que ça va être une purge monumentale pour ado.


Et pourtant, j'ai été vraiment enchanté du début à la fin par ce projet almanac.


Tout d'abord, le choix du found footage n'est pas juste un effet de style : non seulement son utilisation est totalement justifié dans le contexte du film, mais il apporte un vrai plus à la mise en scène efficace du film. On est vraiment immergé dans ce groupe d'ados qui voyage dans le temps, on est la sixième personne qui profite de ce trip avec eux.
L'esthétique du film est bien sympa, la bande-son est excellente, et le casting fait vraiment le boulot. Les cinq acteurs principaux sont excellents. Un tel choix de mise en scène avec des acteurs moyens peut rapidement tourner au désastre, heureusement ici, on y croit.


On passe maintenant au point central : le scénario. Il faut bien remercier Projet Almanac de traiter du voyage dans le temps avec la thématique suivante : que ferions-nous une personne ordinaire se retrouvait avec une machine à voyager dans le temps entre les pattes ? Ici, c'est présenté avec des ados, mais ne nous y trompons pas, ados ou pas, beaucoup de gens utiliseraient cette machine à des fins pas trés ambitieuses, tout comme le groupe qui nous est présenté ici : réussir un contrôle, se venger de la biatch de lycée, etc. . Si le film revient à des thématiques un peu plus classiques du voyage temporel dans son dernier quart, force est de constater que Project Almanac nous propose quelque chose de trés rafraichissant.
La morale elle-aussi est convenue : on doit profiter de la vie à fond et tout faire pour ne jamais souhaiter avoir de deuxième chance à sa disposition. Convenue donc, mais extrêmement efficace grâce aux trois premiers quarts du film qui mettent vraiment cette morale en exergue. Au final, ces ados ont tous la force et le potentiel de faire tous les trucs déments qu'ils font à l'écran, c'est juste la peur de l'échec qui les pousse à ne rien faire.
De manière quasi systématique, les films traitant du voyage dans le temps ont pour theme principal ... le voyage dans le temps. Tout tourne autour de ca: Pour Projet Almanac, au fond, le voyage temporel n'est ici qu'un prétexte pour servir ce message un brin "Carpe Diem". Ca change un peu.
Enfin, la B.O. est juste énorme de chez énorme.


Wibbly Wobbly Timey Wimey
Le voyage dans le temps est traité avec brio, apportant des règles assez intéressantes que je n'avais jamais vraiment vue précédemment de cette manière :


je pense notamment à la manière qu'ont les gens de bugger avant de disparaître de l'existence au moment où le paradoxe a été engendré : c'est sympa, ça change.


Malheureusement, de nombreuses critiques faites aux films sont ses incohérences. Pour la plupart des gens, un film de voyage dans le temps est raté s'il y a en trop. J'ai envie de dire, déjà, lâchez un peu de lest, et essayez de vous divertir sans faire les rabats-joie toutes les 5 secondes. Mais au-délà de ça, j'ai un argument qui prouve que c'est ridicule de vouloir démonter des films traitant de ce sujet, et présentant, selon certains, des plot holes monstrueux : on ne connait pas la nature du temps. Certes, dans Projet Almanac comme dans d'autres oeuvres, il y a des incohérences concernant les règles internes posées par le film, qui sont, pour le coup, de vrais problèmes, même si perso, ça me dérange pas. Mais concernant le reste, excusez-moi mesdames messieurs, vous n'avez pas votre mot à à dire : le spectateur lambda à tendance à voir le temps de manière linéraire : c'est humain, c'est normal, car on vit le temps de façon linéraire. On a tendance à croire que si je remonte dans le temps pour me buter moi-même y'a 5 minutes, je vais créer un paradoxe et que donc ce n'est pas possible, mais en réalité, on ne sait rien de rien sur le voyage dans le temps. Tout au plus, deux trois considérations théoriques.
Comme le dit bien le Docteur, le temps n'est pas linéraire, " it's more a wibbly wobbly timey wimey stuff ", et au fond, pourquoi pas ? C'est également très bien montré dans Projet Almanac : le film nous montre que le futur n'est pas une ligne mais une embranchement finalement assez complexe de passé, présent et futur qui cohabite. Des boucles temporels peuvent être créées, détruites, fusionnées. Et cet aspect du film est très intéressant. Certains appelleront ça un manque de rigueur quand au traitement du sujet, j'appelle ça avoir une vision intéressante et différente d'une chose qu'on ne comprend pas. Ce qui m'a bien plu également, c'est le passage où


Quinn repasse son interro orale pour avoir une bonne note : en revenant dans la même scène plusieurs fois, en ne changeant rien, il y a de légères fluctuations : ainsi, refaire exactement les mêmes choses peut entraîner des résultats différents, et des réalisations fluctuantes d'un même évènement ; le temps est ainsi vu de manière probabiliste, et non pas comme une suite déterministe d'évènements qui, si on les reproduit à l'identique, donneront toujours le même résultat. Ce qui rejoint le fonctionnement de base de la mécanique quantique, d'ailleurs. Si l'on accepte ceci, la fin prend sens : peut-être que la boucle temporelle a eu lieu une infinité de fois précédemment, mais que ces fluctuations imprévisibles ont finalement permis à David, malgré le fait qu'il ait répété une infinité de fois les mêmes choses, à en sortir et disposer des deux caméras à la fin.
Une part de chaos dans le temps, je trouve ça loin d'être idiot.


Je ne dis pas que le film a raison, je dis juste qu'au vu de nos connaissances actuelles, on ne peut rien présumer du voyage dans le temps de façon pratique. Alors autant regarder le film, et " enjoy the ride ".


Bref, ce Projet Almanac est pour moi une franche réussite : c'est un excellent divertissement, ce qui n'est déjà pas si mal, mais surtout, il traite son sujet avec fraîcheur, mais également avec une vision intelligente. Que demander de plus ?

Kousei
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le 12 juin 2016

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