Depuis longtemps en projet, Prometheus devait revenir sur les origines du huitième passager et ainsi éclairer nos lanternes. Longtemps repoussé, d'abord confié à un tâcheron puis repris par le créateur de l'univers culte, Sir Ridley Scott, le film a fait couler beaucoup d'encre jusqu'à une campagne marketing ahurissante et extrêmement bien planifiée. Dire qu'on en attendait beaucoup relève dès lors de l'euphémisme.
Scène d'ouverture, ce qui ressemble à un homme venu d'ailleurs boit un cocktail explosif comme on peut en faire en fin de soirée, une sorte de cercueil fatal qui va jusqu'à lui détruire son ADN. La potion magique créé la vie sur Terre, ni plus ni moins et le sacrifice de cet "ingénieur" comme on sera amené à l'appeler dans la suite du film ne sera pas vain puisque l'évolution ayant fait ses œuvres, nous voici dans un futur relativement proche, en compagnie de scientifiques en quête de LA vérité. Les bases sont posées, la théorie bien que primaire est intéressante et on embarque vers une planète inconnue à la rencontre de ces bienfaiteurs de l'espace, pour une interview exclusive, si l'on peut dire.
Rien de bien surprenant et pourtant, on accroche directement, d'autant plus que les paysages sont somptueux et on sent la maîtrise du réalisateur et l'approche science-fiction est crédible. Mieux, les acteurs sont convaincants avec en tête une Noomi Rapace bien loin du monde des gitans de Sherlock Holmes et un Michael Fassbender tout en finesse, agréable surprise, l'enquête devient même passionnante et les mystères s'accumulent. Les questions existentielles fusent, on cherche, on veut comprendre et forcément le spectateur attentif veut des réponses, même si certaines sont plus que devinables, comme les intentions de l'androïde, création mécanique, en recherche d'humanité, aux sombres desseins.
Normal, pourrait-on dire étant donné que c'est le scénariste de Lost qui s'est occupé de l'intrigue en accord avec Ridley Scott bien évidemment. Seulement, le problème survient aux deux tiers du film, lorsque pour lancer le massacre final cher à la saga d'un équipage bien trop humain de par ses défauts, un twist inattendu tant il était convenu vient tout faire capoter. Le niveau baisse et même si la sensation qu'on est face à quelque chose d'épique persiste, elle est bien moins présente. Pourquoi se contenter de ça ? Pourquoi s'attacher à développer une intrigue à première vue intéressante pour finalement se simplifier la vie et pondre ce qui correspond au niveau d'un James Cameron sur sa Pandora/Amérique ? Pire, le scénariste de Lost reprend l'idée de la série culte et développe plus de mystères qu'il ne donne de réponses, voulant créer une mythologie sur deux heures de film. Erreur fatale puisqu'on ne peut se permettre une telle résolution sur une si courte durée, l'impression de bâclé apparaît et vient casser une atmosphère intense, sombre.
Pourtant le film n'est pas un échec total et on lui pardonne même ses erreurs grâce à certains points positifs non négligeables : la scène finale est simplement grandiose, on en prend plein la vue. Malheureusement, ça ne suffit pas et finalement, ce qui faisait l'identité d'Alien, c'est-à-dire son mystérieux passager, le minimalisme des effets spéciaux, une claustrophobie omniprésente est oublié au profit des archétypes d'un blockbuster basique. En attendant le deuxième opus, où on retrouvera a priori la bête.