Préambule: ceci est une critique d'un GRAND fan de la série. Traumatisé dès sa tendre enfance par le premier film, et fan inconditionnel de ses deux suites.
Bon, déjà, passons sur les évidences : c'est friqué, c'est beau, c'est bien filmé, la 3D est vraiment très bien, la plupart des acteurs sont nickels, et techniquement, il n'y a grosso modo rien à redire.
Hélas, c'est un peu tout ce qu'on peut louer sur ce vrai/faux préquel d'Alien. Prenons les choses de manières très simples :
Sorti de la saga Alien, le film se tient bien sur la première moitié, le suspense et la montée en tension sont bien là. Mais ensuite ça s'allonge, ça se répète, on connaît toutes ces ficelles, et c'est bien compliqué pour pas grand chose. On pourrait résumer l'affaire en quatre lignes, alors que le film se perd en sous intrigues sans grand intérêt (le personnage de Charlize Theron, à quoi sert-il ? Si quelqu'un a la réponse...). Aussi bien torché que ça soit techniquement, il n'y a rien de vraiment nouveau ou excitant dans ce gros budget de SF. Dans 30 ans le film sera un film de SF comme les autres. Comme tous les films de Ridley Scott depuis... 20 ans environ, cela dit. Ceux qui pensaient voir un "2001 l'Odyssée de l'Espace" du XXIème siècle en seront clairement pour leurs frais.
Intégré à la saga Alien, le film essaye d'être un préquel sans en être trop un. Vouloir ne pas refaire le même film est louable. Les 4 autres opus de la série ont plus ou moins réussi à être différents tout en gardant une certaine unité. Ici Scott va plus loin en voulant se démarquer plus clairement des codes d'Alien, mais sans vraiment réussir. Il veut clairement viser plus haut, mais la philosophie de comptoir est très prétentieuse (donnons la réponse à la simple question "d'où venons nous?", ben voyons), et l'histoire est finalement tellement proche du premier film qu'on y perd toute originalité, alors qu'elle cherchait pourtant à se démarquer. On retrouve en effet tous les ressorts du premier opus, mais usés jusqu'à la corde. Une équipe de spationautes débarquent sur un lieu inconnu, ça se passe mal, ça complote tranquillement dans le dos des protagonistes (Weyland, tout ça tout ça...), et hop on prend un peu d'"Aliens" avec les caméras, bref, on la connaît la musique Ridley ! Il avait pourtant annoncé du lourd, que ça foutrait les chocottes (grosso modo, jamais), qu'il fallait faire mieux que Cameron avec son Avatar (alors qu'on ne joue dans la même catégorie, Cameron a fait un gros divertissement bien simple, Scott fait un thriller métaphysiquo-horrifique alambiqué).
Au final, ça casse un peu le mythe (attention, SPOILERS) en expliquant un peu trop de choses (tout en se gardant bien de tout expliquer, faut en garder pour les suites), en rendant l'Alien finalement moins mystérieux (une espèce d'arme fabriquée par nos ancêtres), et on attend avec impatience la suite qui va sûrement nous expliquer que tout est parti en vrille à cause d'une histoire de gonzesses. Ils nous ont déjà pourri Star Wars avec ces conneries, manquerait plus qu'ils torpillent Alien de la même façon...
Donc Alien 0, ça vaudra quoi dans quelques années ? Le premier était une vraie date, une redéfinition d'un genre. Le second versait dans le gros divertissement, mais avec le savoir faire quasi inégalable de Cameron, le troisième réussissait dans l'approche mystique bien mieux que ce préquel tout en capitalisant sur la relation intime entre l'alien et Ripley. On passera sur le quatrième qui, sans démériter, prenait une tournure un peu "fun" pour l'esprit de la série. Prométhéus vient sûrement s'intercaler entre ces deux derniers opus au niveau de la qualité, mais sans l'efficacité du 4ème dans le rythme. C'est dire si c'est décevant. Le côté schizophrène du film ("Alien, oui mais pas vraiment") fait qu'aucune des deux parties n'est vraiment convaincante. Donc le film se plante grosso modo sur toute la ligne si on met de côté l'aspect technique. Quitte à faire hurler les fans, le Sunshine de Danny Boyle, malgré tous ses défauts, est un film de SF récent bien plus original et réussi.
PS : à noter une coupure du film 5 secondes avant la fin dans la salle où j'étais, ce qui a achevé de torpiller le film. Et à lire une autre critique, ça a été la même chose dans un Gaumont... Le film réussit donc à saouler aussi les vidéoprojecteurs.