Les plans de Papa tombent à plat

Un petit film de SF indépendant sympa, qui pourra intéresser les fans du genre.
Une jeune fille, Cee, et son père, dans la dèche financière, acceptent un contrat de prospection pour un groupe de mercenaires, sur une planète sauvage. Ils manquent le site d’atterrissage suite à une avarie, et doivent se rabattre sur une randonnée improvisée, en scaphandre, puisque l’atmosphère de la jungle locale est toxique pour les humains. Ce faisant, ils ne sont pas seuls à chercher fortune. Loin de la civilisation, c’est la loi du plus fort pour les prospecteurs, attirés par l’attrait de la fortune, comme les chercheurs d’or durant la conquête de l’Ouest américain.

On dit que même les meilleurs stratagèmes survivent rarement l’entrée au champ de bataille, et les mésaventures de nos astro-chercheurs d’or illustrent bien cette maxime. Le plan B a vite fait de tomber en miettes, suivi de peu par le plan C. Et c’est quand on croit qu’on a touché le fond qu’on apprend qu’il y a toujours pire, un peu comme avec les hommes politiques, quoi. Au moins, dans Prospect, on a envie de savoir la fin. La réalisation est solide, les scènes s'enchaînent avec un bon rythme, la cinématographie est excellente et le cast intéressant. L’ambition de l’équipe de production se heurte toutefois aux limitations du budget. Si les plans à effets, costumes et accessoires sont assez réussis, la forêt tout ce qu’il y a de plus ordinaire nous ramène un peu sur Terre. Les dialogues, eux, ont un peu la tête dans les nuages. Certains bouts font vaguement fan-fiction, comme quand Cee s’étale un peu trop au sujet de sa passion pour son livre préféré. Et j’ai passé une bonne partie du film à me demander pourquoi Ezra, l’un des protagoniste (que vous reconnaitrez sans doute pour son rôle dans Game of Thrones, Oberyn Martell) avait un tel maniérisme dans sa façon de parler. Puis j’ai réalisé que c’est juste comme ça que le script est écrit, puisqu’il n’est pas le seul dans ce cas. C’est comme une partie de Donjons et Dragons avec du role-play stéréotype, vous savez: “O, Dame Frédégonde, je regrette sincèrement de voir votre arquebuse pointer dans la direction générale de mon humble personne”. C’est, hmm, bizarre, et jamais justifié par le background des personnages.

Cela dit, l’absence de justification est aussi une des forces du film. L’imagination peut gambader librement dans les larges espaces de cet univers qui sont inexpliquées ou suggérées brièvement. On aimerait bien en voir plus, et c’est un bon signe. Si Prospect s’en sort plutôt bien pour un film de SF à budget microscopique, les compromis sont visibles à l’écran. Si l’on ajoute quelques autres détails un peu amateur comme ceux mentionnés précédemment, on en vient à un produit final qui ne satisfera sans doute pas le grand public. Les fans de SF et autres amateurs de mondes imaginaires, quant à eux, apprécieront sans aucun doute l’effort investi dans ce projet.