Apollo 11 était le sommet de la course à l’espace, 10 ans d’efforts et de budgets illimités pour les agences spatiales américaine et russe. Naturellement, les Américains ont pris soin de documenter le déroulement de leur première mission lunaire, et au vu des sommes proprement ridicules déjà dépensées sur l’ingénierie, les véhicules, les tests, etc., ils se sont dit qu’ils pouvaient bien se payer le meilleur équipement photographique et des professionnels du domaine pour l’opérer. La NASA a donc dans ses archives le film 65 millimètre, sorti du ventre de caméras Hasselblad, autour du 20 juillet 1969, que les plus vénérables d’entre vous auront peut-être déjà eu la chance de voir il y a quelques décennies de cela, transmis et altéré par les ondes hertziennes, sur vos tubes cathodiques tous pourris et leur résolution digne d’un timbre poste. Apollo 11, le documentaire, se contente de présenter un montage de quelques extraits de ces films, restaurés en haute résolution pour nos écrans modernes.
Puisque relativement peu de cinémas ont jamais été équipés pour projeter en 65mm, c’est vraiment la première fois que la technologie permet de rendre justice au média d’origine. Pour les non-avertis, 65mm est un format relativement peu employé pour le cinéma en raison du coût de l’équipement. Le format le plus couramment répandu avant l’ère digitale, le 35mm, ne peut pas atteindre le niveau de fidélité des meilleures caméras digitales actuelles, du moins au niveau de la résolution. Le 65mm, en comparaison, se scanne facilement jusqu’à environ 8K, c’est à dire une résolution horizontale de 8000 pixels. La plupart des films que vous voyez en salles obscures sont projetés en 2K, ou 1920 pixels horizontaux généralement. Si vous avez chez vous Netflix en HD et une télé récente, vous avez sans doute du 4K dans votre salon, soit le double, mais moins de la moitié de ce que l’on peut obtenir d’un master des archives de la NASA, ou encore d’un Interstellar, qui reste le seul film moderne entièrement filmé en IMAX 70mm [Edit: plus le seul maintenant - j'ai publié cette critique quelques semaines avant la sortie en salle d'Avengers Endgame également filmé en IMAX, qui rejoint donc Interstellar].
Tout ça pour dire, on n’a jamais vu Apollo 11 comme on peut le faire aujourd’hui, et c’est vraiment tout l’attrait, la raison d'être de ce docu. Le seul voice-over est celui du broadcast d’origine, le seul ajout graphique quelques diagrammes tout simples qui montrent de petites animations des phases de séparation du véhicule. Vous avez donc environ une heure trente pour revivre la mission. Ce qui est somme toute un peu court. J’aurais personnellement aimé en voir un petit peu plus du lancement, certainement un des moments forts, avec l’allumage de cet engin incroyable, un gratte-ciel de 30 étages soulevés par 5 moteurs grands comme des maisons. Peut-être aussi quelques autres choses, mais bon, je suis juste bien content d’avoir eu la chance de voir l'événement avec autant de fidélité, si bien qu’on peut presque sentir l’atmosphère sûrement unique et inoubliable de ce beau jour de juillet 1969. Dans bien des cas, on pourrait aussi bien regarder un film tourné la veille tant la qualité de la restauration est impeccable. Dans d’autres, les coiffures et la mode de la foule enthousiaste trahissent l’époque, mais nous offrent une impression charmante de l’ambiance autour du lancement.
En somme, une bien bonne façon de vivre (ou revivre) l’une des aventures les plus positivement marquantes de notre courte histoire.
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