2019 : L’Odyssée de l'espace d'un point de vue féminin.

Proxima, réalisation d'Alice Winocour, nous fait vivre le quotidien de Sarah, une femme astronaute, préparant sa première expédition hors de la planète bleue.


Il est difficile de rentrer dans ce film, tant le rythme est spécial durant une bonne vingtaine de minutes, le temps que le contexte se pose. Polyglotte, Sarah enchaîne les dialogues en russe, français, anglais et allemand, ce qui est perturbant au début. Heureusement, on s'y habitue rapidement.


Proxima est un film on ne peut plus féministe, qui dépeint à merveille la difficulté de s’intégrer dans le milieu de l'astronomie (très masculin) quand on est une femme. Entre remarques machistes (envoyées par un américain insupportable) et épreuves physiques, la jeune Maman va devoir jouer des coudes pour s'imposer et prouver qu'elle mérite sa place. C'est finalement sur le plan psychologique que Sarah va être perturbée, la préparation inattendue de ce voyage spatial bouleversant son quotidien. L'astronaute va devoir trouver les mots pour expliquer à sa fille de sept ans, Stella, qu'elle va être séparée de sa mère pendant une année.


Un paradoxe s'impose alors, et une question travaille le spectateur pendant toute la projection : Accomplir le rêve de sa vie justifie-t-il l’égoïsme dont fait preuve Sarah envers sa fille et son ex-époux? Comme dans Interstellar de Nolan, la question de "l'abandon" familial se pose rapidement.


Eva Green livre ici une prestation très touchante, son talent déborde, et l'actrice marque les esprits tant elle est sublime dans ce rôle charismatique. Une prestation qui j'espère fera parler d'elle.


Dommage de ne pas s'être plus attardé sur la bande originale, qui aurait pu rendre le film grandiose, même si ce point peut s'expliquer par le fait qu'il n'y ait au final que très peu d'action.


Il est également fort agréable de voir à quel point le cinéma Français a réussi (enfin) à nous faire un vrai beau film spatial, qu' il arrive à rendre très intéressant en vulgarisant l'aspect scientifique. La présence de Thomas Pesquet apporte une vraie crédibilité et vient renforcer les propos des acteurs.


Même si ce joli film m'a moins renversé que le superbe Ad Astra de James Gray, qui est l'un de mes coups de cœur de l'année, je garderai un bon souvenir de cette séance, et je vous conseille vivement d'aller voir ce film aussi esthétique que courageux.


Baba

Baptiste-Gouin
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le 27 nov. 2019

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Baptiste Gouin

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