Public Enemies n'est pas le plus grand Mann, mais malgré ses défauts, surtout dut au manque de crédibilité de son interprète principale, Johnny Depp, ce film demeure quand même un sacré morceau de bravoure stylistique et une belle lecture du mythe John Dillinger.


Johnny Depp, malgré beaucoup d'efforts, la direction d'acteur chez Mann étant une chose à laquelle il porte un soin particulier, ne parvient jamais réellement à entrer dans la peau de son personnage, trop enfermé dans ses propres clichés Deppien. Dès que sa bouche forme un rictus on a l'impression de voir la bouille de Jack Sparrow avec ses mimiques s'accaparer l'écran. C'est l'une des rares tares de ce film qui malgré ses ficelles usées et sa facilité de mise en abîme parfois redondantes, demeure quand même une belle œuvre flamboyante et un mélodrame classieux comme Mann sait si bien les réaliser.


Rattrapant le manque de crédibilité et d'intensité dramatique du jeu de Johny Depp, le reste de la distribution relève très largement le niveau. Avec un Christian Bale, qui même s'il traîne son faciès mono-expressif pendant tout le déroulement du film, entre parfaitement dans son rôle et demeure tout à fait crédible.
Marion Cotillard est d'une grand justesse dans son jeu fait de simplicité et de charme naturel, contrairement à la plupart des actrices françaises qui en font des caisses, les Juliette Binoche et autres Cécile de France, vues dans des productions US, elle apporte la touche romantique à l’œuvre
.
Les rôles de seconds couteaux sont remarquables de justesse, avec un Stephen Lang de haut niveau, mais aussi James Russo, Stephen Dorff et le remarquable Stephen Graham (vu en Al Capone dans la série Boardwalk Empire), dans le rôle du fameux gangster psychopathe Baby Face Nelson.


Michael Mann est probablement le réalisateur qui a le plus crée l'imagerie du cinéma de demain, il fait partie des quelques rares auteurs qui ont élaboré les canons narratifs qui établissent la manière de faire des film. En cela il est un cinéaste d'une très grande modernité. Son style a souvent un peu de mal à passer quand il s'agit de filmer des histoires se déroulant dans le passé. C'est probablement ce qui fait que provoque la difficulté à rentrer pleinement dans ce film de gangsters malgré tout ultra-stylisé.


Cet évidence prise en compte et assimilée, force est de constater qu'il s'agit tout de même, encore une fois d'un grand film signé d'un auteur unique. Un final d'une grande beauté baroque viendra confirmer que l'on vient d'assister à la projection d'un film de Michael Mann.

philippequevillart
7

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Créée

le 19 avr. 2016

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