Voilà ça y est, après trois films du bonhomme (Paul Thomas Anderson pour ne pas le nommer) visionnés, je peux dire que je suis totalement in love de sa réalisation et de sa mise en scène. Je veux dire, pour moi c'est le réalisateur contemporain qui maîtrise le mieux les mouvements de la caméra, au point que cela m'obsède et que je ne vois que ça. Je pourrais mater n'importe quel film, même si celui-ci est d'un ennui profond comme un documentaire animalier par exemple (et je n'ai rien contre les animaux, au contraire, mais ce n'est pas le sujet), s'il est filmé à la manière d'une oeuvre de PTA, je suis sûr que je vais kiffer. C'est un style assez difficile à définir, telllement il y a de variations (et c'est sa grande force) : alternance entre plans-séquences et plans fixes, obsession de la symétrie, allers-retours de la caméra, entre autres. Mais c'est toujours fait de manière intelligente, subtile et utile à la narration.
Malheureusement, la réalisation ne fait pas tout dans un film et maintenant que j'ai parlé de la forme, je vais parler du fond. Je suis en effet plutôt resté imperméable à cette histoire d'amour et je ne suis jamais vraiment rentré dans le film. A vrai dire, je l'ai trouvé assez plat malgré son esthétique impeccable.
J'ai tout de même beaucoup aimé la prestation d'Adam Sandler qui joue très bien son rôle de sociopathe, il m'a fait penser aux personnages de Joaquin Phoenix dans Two Lovers ou dans Her, ou encore à celui de Ryan Gosling dans Une fiancée pas comme les autres (non, je ne me la pète pas avec mes références). Ils n'ont pas du tout le même physique mais le même autisme social. J'ai trouvé le personnage de Barry vraiment attachant et au final je pense que c'est un personnage auquel on peut s'identifier bien qu'il soit très (trop ?) caricatural. Emily Watson m'a beaucoup moins convaincu, même si c'est une actrice très reconnue.
Même si leur histoire d'amour est très convenue, j'ai aimé le ton tragi-comique qui lui a été conférée et ce mélange des genres. Le côté névrosé du personnage principal nous donne au final le plaisir d'assister à une relation pas si banale que ça et peut-être pionnière dans le genre alors que les romances avec un héros ordinaire et perturbé ne couraient pas les rues, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Les difficultés qu'a à surmonter Barry au quotidien en parallèle de son histoire d'amour naissante avec cette affaire de chantage et de téléphone rose servent le récit de manière efficace et nous permettent d'assister à des rebondissements d'un style qu'on attend pas forcément dans ce genre de films.
Ainsi, malgré un scénario loin d'être exceptionnel, et ce d'autant plus en comparant ce film avec le précédent métrage de Paul Thomas Anderson, Magnolia, à la complexité extraordinaire, Punch Drunk Love n'est pas du tout dénué d'intérêt et est heureusement servi par une réalisation exceptionnelle et un personnage principal haut en couleur qui nous permettent de passer un bon moment malgré tout. Cependant, on est très loin de la romance qui nous émeut aux larmes, nous transporte, nous secoue et rendrait ce film inoubliable.