Le long chemin de l'adoption porté par la sensibilité et l'émotion de Jeanne Herry

Une belle note se confirme en ce début d’année pour le cinéma français avec le film Pupille. Le film confirme sa qualité avec les très nombreuses nominations aux Césars.
Le film nous raconte l’histoire d’un enfant qui délaissé par sa mère à la naissance va devenir pupille de la nation. Il va par la suite exprimer le parcours de ce petit Théo depuis ses premiers jusqu’à possiblement son adoption.
Le format reste sobre, ne recherchant pas du tout à dramatiser ce phénomène. Il est souligné par le choix de laisser place à l’action sans volontairement tomber dans le dramatique et ces fameux grands violons. Ainsi le choix de la réalisatrice de ne pas mettre de la musique à chaque scène est un choix très judicieux et notable dans la construction de ce film social.
De plus, les spectateurs par la qualité du scénario et de la mise en scène se laissent porter par le fil du film et sont très vite pris par les sentiments. L’enfant nous touche et par cela on se sent presque concerné par sa situation. On voudrait bien faire mais hélas, ce n’est qu’un portrait raconté de la réalité. C’est une forme très honnête que veut mettre en scène Jeanne Herry. Sa courte durée de 1h47 paraît suffisante pour ne pas trop en faire sur un sujet aussi fort que la question des pupilles de la nation. Le montage n’a pas besoin de plus et se justifie dans sa durée qui peut pour certains trouver court dans le cinéma actuel.
A ce propos, le titre ne repose pas uniquement sur la définition de pupille de la nation, elle pose aussi la question de la pupille de l’enfant, point central du film au vu des différents acteurs du film. Il impose non pas par son jeu puisque évidemment c’est un bébé mais par son regard. Tout le maître à jouer de cet enfant se joue là-dedans. Et à cet effet, celui-là est admirablement réalisé.


Malgré ces belles appréciations, le film n’est malheureusement pas parfait et notamment au niveau de son scénario.
Ainsi quelques choix scénaristiques étonnent, notamment celle de lier le personnage de Sandrine Kiberlain avec celui de Gilles Lellouche. La réalisatrice à cet effet a voulu ajouter un peu de sentimentalisme par une relation amoureuse de la part de Sandrine Kiberlain mais pas de son partenaire. On ne comprend pas très bien l’utilité, si ce n’est de mettre une scène pour ajouter un motif de lien entre les deux. Cet aspect paraît un peu entacher le personnage de Sandrine Kiberlain qui malgré tout reste un pilier du projet.
A ses côtés, Gilles Lellouche réussit son rôle en étant rempli d’émotions pour ce petit garçon même si de nouveau le scénario réussit à nous faire croire que venant d’une nouvelle désillusion, son personnage envisage d’arrêter sa fonction de parent adoptif. Mais après une conversation, il décide de tenter sa chance avec cet enfant. Cela paraît presque tomber de nulle part et n’est présente que pour justifier la rencontre avec Théo. Puis Elodie Bouchez va compléter ce duo de manière formidable, elle reste fidèle à son rôle de femme en quête d’enfant, suivant un parcours chaotique.


Au final, c’est un film utile racontant les déboires du système complexe de l’adoption qui peut se jouer à un rien. Un portrait très appliqué de l’adoption dans sa réalisation même si quelques choix scénaristiques posent problème.

ThomasFaidherbe
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le 3 févr. 2019

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