Puppet Master 4
4.4
Puppet Master 4

Film de Jeff Burr (1993)

Continuons d’explorer la saga Puppet Master en attaquant aujourd’hui le quatrième opus (tourné en même temps que le 5ème pour économiser) qui est aussi, selon ce qui se dit, celui qui entame la douce et longue déchéance de la saga vers les tréfonds obscurs des mauvaises productions bas de gamme. La saga change ici de direction comme l’avait suggéré la phrase dans le générique de fin du 3ème opus : « When bad Puppets turn good ». Le film transforme les créatures d’André Toulon en marionnettes bienveillantes. Oui, les méchants d’hier sont devenus les héros d’aujourd’hui. Est-ce pour les rendre encore plus populaires vu leur succès auprès du public après trois films ? C’est possible, d’autant plus que ce 4ème film va tenter de séduire les plus jeunes en se voulant plus grand public. Alors oui, même s’il reste malgré tout regardable, surtout grâce à sa courte durée, la rumeur disait vrai : Puppet Master IV est bien moins bon que les volets précédents.


Se passant chronologiquement après Puppet Master II, Puppet Master 4 est réalisé par Jeff Burr (Massacre à la Tronçonneuse 3, Pumpkinhead 2). Oui, on change de nouveau réalisateur, comme c’est le cas depuis le début de la série, même si c’est ce dernier qui signera également le 5ème opus. Charles Band supervise toujours à la production, Richard Band est toujours à la musique, ainsi que David Allen aux SFX. Le socle habituel reste lui toujours le même mais l’idée va être de renouveler un peu la franchise, de la rajeunir et de faire en sorte qu’elle touche un public plus large. Dès les premières images, on sent de toutes façons que quelque chose a changé. L’ambiance n’est clairement plus la même et la première scène avec ce démon prénommé Sutekh, qu’on nous vend comme un Dieu égyptien mais qui ressemble à un croisement entre un méchant de Power Rangers et les extra-terrestres du Bad Tates de Peter Jackson, nous le fait comprendre très vite. Ce démon Sutekh, et son hideux costume donc, c’est à lui que André Toulon aurait soit disant volé le pouvoir de ramener des marionnettes à la vie. Et il va envoyer sur Terre des petits démons pour récupérer ce précieux pouvoir. Ils vont rapidement arriver dans le fameux hôtel du premier et deuxième opus dans lequel s’est installé Rick Myers, un scientifique qui travaille sur un programme pour des robots afin que ces derniers arrivent à dépasser leur programme et à prendre des initiatives par eux même. A créer une IA en gros. Alors que des amis scientifiques viennent lui rendre visite, ils découvrent une grosse valise remplie de marionnettes semblant dater de la 2ème guerre mondiale, ainsi que des flacons remplis d’un étrange liquide verdâtre. Ni une ni deux, parce qu’il comprend vite et qu’il est trop fort, il injecte le produit dans les marionnettes et reprennent vie. Lorsque les démons se mettent à attaquer Rick et ses potes, Blades et ses amis marionnettes vont devoir défendre celui qui les a réveillés. Pour information, ils se sont mis à cinq pour écrire un tel scénario. Sans doute lors d’une soirée un peu trop arrosée…


Une fois de plus, les incohérences vont être légions. Outre le changement de ton, même si à la limite ça, pourquoi pas, il semblerait que Charles Band se fiche que chaque nouvelle suite soit vraiment raccord avec les films qui l’ont précédé. Que fait Six-Shooter là alors qu’il n’était pas présent dans le 1 et le 2 censés se passer juste avant ? OSEF. Pourquoi Tunneler, qui est censé avoir été démonté dans le 2ème opus, est ici en parfait état ? OSEF. Comment se fait-il qu’on a l’impression, quand la grosse valise est ouverte, que les marionnettes semblent n’avoir pas servi depuis 50 ans alors qu’elles étaient présentes dans le 1 et le 2 ? OSEF on vous dit ! Bref, on n’est pas à ça près avec Band et ce n’est pas du tout ça qui fait que ce 4ème opus est bien moins réussi que ses prédécesseurs. Puppet Master 4 n’apporte strictement rien de nouveau à la mythologie de la saga. C’est une suite basique, avec un scénario bidon et prétexte, assez improbable, et qui manque clairement d’enjeu. Les coïncidences sont un peu trop forcées, et le film va nous présenter des moments vraiment ridicules. Certes, ils ont envie de cibler un public plus jeune en nous présentant par exemple un jeune geek d’une vingtaine d’années en guise de héros, mais cette partie de « laser game » entre ce dernier et les marionnettes était-elle vraiment utile ? Clairement, certains passages tendent vers le nanar alors que les trois premiers films étaient de chouettes séries B.


C’est dommage car la réalisation en elle-même n’est pas dégueulasse. C’est plutôt correctement filmé, certains plans sont même très beaux, et les SFX en stop motion sont toujours à saluer. Même si ce genre de procédé visuellement un peu daté pourra aujourd’hui rebuter les plus jeunes (quoi que des films comme Shaun le Mouton font encore recette), ils font une fois de plus leur petit effet, aidé par moment de passages en animatronics. Puppet Master IV n’est pas palpitant, encore moins passionnant, là où le 3 arrivait à constamment nous captiver. Mais le film n’ennuie pas pour autant. C’est juste un peu mou, et ça se ressent immédiatement lorsque les marionnettes se combattent entre elles, le maigre budget du film n’aidant pas à améliorer la chose. Autre problème, directement en rapport avec le rajeunissement de la saga, tout est très sage. A la 50ème minute du film, on se rend compte qu’on a à peine eu un doigt coupé et une légère trace de griffure. Sur les 25 dernières minutes, ce n’est guère plus choquant (le kill count est très bas). Même les démons, qui auraient pu être source de scènes chocs, tiennent finalement plus des Gremlins de Joe Dante et ne sont clairement jamais effrayants. Ce n’est d’ailleurs pas la seule inspiration / hommage du film puisqu’on pourra noter un clin d’œil à Indiana Jones (le fouet sur le démon) ou encore Frankenstein dans la manière qu’ils ont de « ressusciter » la nouvelle marionnette « Decapitron » (qui peut enlever sa tête pour en mettre une autre). D’ailleurs, une fois de plus, on se concentrera bien plus sur les marionnettes que sur les acteurs dont l’interprétation est des plus moyennes et qui ne permet à aucun moment de se soucier del eur sort. A noter la présence, comme dans le 3ème film, de Guy Rolfe dans le rôle d’André Toulon même si le temps de présence à l’écran de ce dernier ne doit pas excéder 1min30.


Puppet Master IV annonce un tournant dans la saga avec ses marionnettes qui œuvrent désormais du côté du bien. On est toujours content de retrouver Blades, Tunneler, Pinhead et leurs amis, mais ce 4ème opus est clairement en deçà des précédents, annonçant la longue descente aux enfers de la saga culte.


Critique avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 18 déc. 2020

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