Deuxième opus de la trilogie Pusher de notre ami Nicolas Winding Refn. Réalisée huit ans après le premier, le cinéaste nous propose de suivre Tonny, sortant tout juste de prison et allant chercher du boulot chez son père, surnommé Le Duc. L'histoire nous place quelques mois après les événements survenus à Frank.

Refn plonge une fois de plus son spectateur dans le monde de la criminalité. Un univers âpre et brute où le cinéaste ne laisse pas la place aux fioritures. Bref, nous retrouvons ce qui a fait la marque de Refn sur le premier film.

Techniquement, l'oeuvre est quasiment identique avec des plans avec caméra portée à l'épaule et une volonté de placer le spectateur au plus près de l'action. Nous pouvons retrouver des plans d'intérieur de cafés à la teinte particulière. Le cinéaste choisit une fois de plus de la musique électronique pour accompagner son film. Une habitude que Refn prendra tout au long de sa carrière.

Au niveau de l'histoire, nous retrouvons aussi des thèmes que Refn développera tout au long de sa filmographie. Ce que je reprochais au premier Pusher était un manque de profondeur. Ca n'est pas le cas ici puisque le cinéaste s'interroge sur le sens de la famille et des valeurs qu'elle engendre. C'est aussi un questionnement sur la famille au sens large, de voir des étrangers être considérés comme un propre fils quand on est soi même rejeté par son père biologique. Il y a aussi cette violence, toujours furtive à l'écran, mais qui fascine tellement Refn. Le personnage de Tonny semble en être lui-même fanatique comme lorsqu'il va frapper l'étranger en début de film sans raison apparente.

Mais en réalité, même si Tonny est un grand stupide, un véritable abruti drogué et violent, le spectateur se prend de sympathie pour lui. Pour la simple raison que ce personnage recherche en permanence l'approbation de son père, un regard, un geste, un peu de tendresse. Lorsqu'il découvre qu'il est lui-même père, il s'interroge sur la relation qu'il va pouvoir offrir à son fils, à ne pas commettre les erreurs de son père.

Comme pour Frank, la solution pour Tonny semble résulter dans la fuite de ce monde, d'emporter son fils le plus loin possible d'une mère qu'il estime incapable d'élever (elle évolue dans le même monde que lui). Sa fuite est peut-être pleine d'incertitudes, notamment en tuant son père et en enlevant le gosse, mais il me semble que c'est un départ qui lui permettrait de recommencer de zéro, d'avoir une nouvelle chance.

Mads Mikkelsen est tout simplement remarquable dans son rôle. L'oeuvre est pour moi plus réussie que le premier Pusher, même si ce côté assez âpre me rebute un rien.
batman1985
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le 20 mai 2013

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