Largement supérieur au premier volet, ce "Pusher 2" fascine immédiatement par la manière dont Nicolas Winding Refn transcende son matériau brut, voire bestial (la vie minable de criminels des plus rudimentaires) pour offrir un portrait aussi dépressif qu'ironique de la désespérance urbaine : plus que la violence, quasiment absente ici, ce sont les relations entre ses personnages qui fascinent le réalisateur, alors que la bêtise générale et la cupidité ne laissent que peu de place aux sentiments. Les scènes de sexe, très crues, d'une tristesse et d'une solitude effrayantes, témoignent en particulier de la parfaite justesse de son regard. Une sorte d'humanité palpite quand même à la lisière de ces personnages, brutaux et impitoyables, qui jamais ne se rachèteront (pas un geste de bonté, pas une parole de réconfort ne viennent illuminer les 90 minutes du film) : l'interprétation très fine de Mads Mikkelsen n'y est pas pour rien, conférant au personnage borné de Tonny une fragilité qui finit par émouvoir.

EricDebarnot
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le 22 août 2013

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Eric BBYoda

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