En marge de ses films d'épouvante gothiques, la Hammer produisit des films "préhistoriques" ; le succès inattendu de Un million d'années avant J.C. incita la firme anglaise à produire cette fausse suite située dans un âge de pierre fantaisiste.
La recette est simple : associer dinosaures et bimbos vêtues de peaux de bête seyantes, c'est ainsi que Victoria Vetri, mannequin américain, élue Playmate de l'année en 1968, succède à Raquel Welch dans un rôle ultra sexy et avec un bikini préhistorique encore plus affriolant. Il s'agit de faire fantasmer le mâle anglais de 1970, on y voit donc une scène de bain coquine et la splendide nudité de Victoria Vetri, par ailleurs piètre actrice, mais dans le cas présent, ce n'est pas ce qu'on lui demande.
L'histoire est gentiment naïve, et surtout sans aucune crédibilité, non seulement pour les femmes préhistoriques trop canon pour être vraies, car Vetri devenue blonde pour ce rôle, est opposée à d'autres bombes brunes comme l'Anglaise Imogen Hassall (une des reines du cinéma bis anglais) et la Polonaise Magda Konopka (qui étrangement se retrouveront dans 2 épisodes de la série Amicalement Vôtre l'année suivante) qui sont aussi attirantes en bikini savamment déchiré. On constate donc la direction érotique voulue par la Hammer, même si ça reste très soft. L'autre facteur incrédible, c'est bien sûr la cohabitation hommes et dinosaures qui comme on le sait n'a jamais existée, mais à Hollywood et en Angleterre, on ne se souciait pas de ce détail, c'est plus impressionnant de voir des hommes confrontés à un tricératops plutôt qu'à un ours des cavernes, et c'est une façon de rendre hommage à Tumak, fils de la jungle auquel cette production Hammer se réfère.
Malgré ces défauts, j'aime ce genre de série B parce que c'est soigné, c'est divertissant et que ça ne se prend pas au sérieux. Ce qui est remarquablement servi en plus par d'excellents effets spéciaux pour l'époque ; il s'agit d'une technique en stop-motion très convaincante sur les dinosaures, si l'on excepte les ptérodactyles qui sont plus difficiles à animer. Le bestiaire est varié, et l'incrustation ainsi que les raccords avec les acteurs sont très réussis. Ces effets ne sont pas réalisés par Ray Harryhausen mais par un de ses disciples, Jim Danforth, qui fait aussi bien que le maître, ils ont d'ailleurs bien justement eu une nomination pour l'Oscar.
Enfin, la vraie curiosité de ce film, c'est le langage préhistorique entièrement inventé ; même s'il n'est pas très varié (on y entend à chaque phrase les mots "akita" ou "akoba" qui ont l'air d'avoir plusieurs sens), il a l'avantage d'une certaine crédibilité cette fois, car bien avant la Guerre du feu, les Anglais avaient inventé des dialogues constitués d'aucune parole intelligible.
Voici donc un des meilleurs films de Val Guest, grand spécialiste du cinéma bis britannique, une petite pépite qui se déguste aujourd'hui pour son aspect kitschissime et réjouissant. A noter quand même que Spielberg dans Jurassic Park, fait un beau clin d'oeil au film à la fin, lorsque le T-Rex alors dans le musée, fait tomber la banderole portant le titre de l'exposition qui s'intitule : When dinosaurs ruled the Earth.

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le 8 août 2019

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