Le cinéma soviétique, du moins après la mort de Staline, compte de nombreux grands films sur la seconde guerre mondiale, très différents dans le ton de ceux tournés par les Américains et qui permettent d'avoir un autre coup d'oeil sur le pire conflit de l'histoire, qui s'est surtout joué à l'Est en Europe - c'est toujours bon de le rappeler, même sans faire de la propagande pro-russe.
Quand passent les cigognes est certainement le film du genre le plus connu en Occident, et sa réputation n'est pas usurpée. C'est un regard vraiment sans concession sur l'URSS en guerre - autant que faire ce pouvait, la censure existait toujours sous Khrouchtchev, même si elle était devenue moins virulente. L'abondance d'effets techniques peut parfois nuire, mais nos réticences volent en éclat grâce à l'interprète féminine, très "russe", c'est à dire extraordinaire de force et de douceur - Batalov est également excellent, comme toujours. A noter aussi la dernière scène du film, sur le quai de gare, bouleversante et l'une des plus belles de l'histoire du cinéma - Claude Lelouch a entièrement raison sur ce point. Un grand film, presque un chef d'oeuvre. Je dis "presque", car parfois l'ambiance tourbillonnante du film saoule un peu le spectateur.