Porté par Tom Hardy, feu James Gandolfini, Noomi Rapace et Matthias Schoenaerts le long métrage suit deux barmen qui tiennent un bar de dépôt pour tout le trafic illégal d’argent sale de leur quartier. « Quand vient la nuit » est une sorte d’hommage aux films noirs du siècle précédent. La palette d’acteurs interprétants des personnages plus torturés les uns que les autres offre un film agréable à regarder, un petit film d’extrême qualité sans en avoir l’air.


« Quand vient la nuit » est un film lent, calme, au rythme posé et serein. Le réalisateur sait exactement ce qu’il fait et où il va avec son long métrage. La maitrise scénaristique se sent dès les premiers instants. On sait d’emblé que les personnages seront étoffés, que les rebondissements seront bien dosés, et que les péripéties ne seront pas veines. Des le départ les détails comptes et le calme apparent cache de terribles et violents secrets.

On suit le personnage de Tom Hardy, sorte de anti héros calme et sur de lui. Le genre de personnage qu’il ne vaut mieux pas embêter et capable d’actes de violences extrêmes. Pourtant plus le film avance plus le personnage de Hardy est calme, on attend qu’il explose, on attend qu’il fasse preuve de violence, pourtant il reste en permanence stoïque. Le réalisateur nous fait comprendre que ce personnage est fort et indestructible pourtant il lui offre en paradoxe un caractère gentil, taiseux, taciturne, impassible presque mignon par moment. Il décrit le profil d’un homme fermé et sage qui ne cherche pas les ennuis. Un personnage qui apparaît aussi parfois un peu niais, parfois même a la limite de l’imbécilité. Quoi qu’il en soit Tom Hardy offre une prestation inattendue qui diffère de ce qu’il fait habituellement. Ici il ne joue pas les gros durs mais le rôle d’un homme torturé comme il ne l’a jamais fait.
Le belge infernal est fidèle a lui-même. Matthias Schoenaerts, montagne de muscle, regard de tueur, esprit de taré et respect imposé sans difficulté, fait passer Tom Hardy pour un homme petit et chétif. Il propose une fois de plus une prestation convaincante et de qualité.
Puis la présence de Gandolfini n’est pas à négliger non plus. Un acteur tout simplement exceptionnel. Une tête qui fait parti de ces acteurs qui dès leurs apparitions à l’écran suscitent l’émerveillement et le respect. De ces acteurs qui se suffisent à leur tronche de gangster violent et ultra charismatique. Il suffit d’y ajouter une prestation toujours très juste et ce long métrage ne fait que confirmer que Gandolfini est un grand et que le monde du cinéma ne peut que le regretter.

La mise en scène est sobre, sans esbroufe, pas spécialement sombre. Les accès de violence sont superbement amenés, et d’une rapidité jouissive ; rapides, efficaces, réalistes et percutants. La révélation de fin réellement passionnante permet un crescendo de dialogues génial et une accélération de rythme jubilatoire. Une conclusion superbe mais malheureusement trop rapide dans le traitement et qui manque cruellement d’être magnifiée.
Le réalisateur qui cherche à trop garder ses personnages au rang d’humains et non pas de héros, crée parfois malgré lui une sorte de superficialité décevante. Il s’agit du genre de film qui ne veut pas placer ses personnages au rang d’icônes. A aucun moment de part la mise en scène les personnages sont magnifiés. Le réalisateur choisit de montrer qu’au travers de chaque être se cache des possibilités infinies et inconnues. C’est ce qu’il se passe exactement avec le personnage de Hardy. Le spectateur sent qu’il s’agit d’un personnage dangereux, charismatique et imposant. Pourtant jamais dans le long métrage le réalisateur l’exprime expressément à travers sa mise en scène ou sa photo, bien au contraire il préfère en faire un papa poule par la présence d’un mignon petit chien. Ainsi le long métrage, malgré sa qualité indéniable, peut apparaitre comme quelque chose d’artificiel voir même d’anodin, comme si cette histoire était normale et qu’elle arrivait à tous les coins de rue. Jamais l’histoire n’est dramatisée ou magnifiée, ce qui peut créer un certain désarroi.


« Quand vient la nuit » est un polar extrêmement bien ficelé, au script parfait, offrant surtout un groupe de antis héros fatigués, charismatiques et intriguant. Un film modeste, simple mais ferme, une réussite indéniable, mais qui ne restera malheureusement pas forcement dans les anales.
La_7eme_Critique
7

Créée

le 7 déc. 2014

Critique lue 218 fois

Aubin Bouillé

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