La vacuité du fantastique espagnol conjuguée au misérabilisme US [des chaumières] actualisé[es]

Cette adaptation d'un roman de l'américain Patrick Ness, auteur ciblant les enfants, prétend confronter ces derniers aux aléas de la vie que les adultes eux-mêmes ne savent affronter – ou en tout cas, justifier. A Monsters Calls suit donc le jeune Conor dans son existence difficile, car sa mère est cancéreuse et son père les a délaissés. Pour couronner le tout et comme c'est à la mode, il se fait brutaliser à l'école.


Au bout du chemin et du long-métrage il trouvera sa résilience grâce à quelques prises de consciences. Ce processus joue entièrement sur le retournement des apparences : le méchant à l'école faibli vite, l'arbre massif et menaçant est un allié. Ce camarade inespéré permet à Conor de doper sa combativité et de s'évader, dans tous les cas de mûrir. C'est un transmetteur et non un guide, autorisant Conor à rêver, à répondre dans la réalité et à accepter cette dernière telle qu'elle est, au-delà des déformations induites par la peur ou la honte.


Ce tableau une fois posé, le réservoir est vite à sec. En plus des quelques aveux (la part égoïste ou sombre) ou retournements (bagarre, retour de papa, accélérations de la maladie), il y a bien quelques ébauches de réflexions, sous forme de sentences, de la part du compagnon sur la fin. Mais ce ne sont que les oripeaux d'une mélopée crétine bien décorée, jouant le décryptage de l'ambivalence pour les retardataires profonds. Les enfants pourront être plus sensibles à ce langage et aux seules intentions.


Le scénario est brinquebalant, n'a rien à envoyer ; les univers alternatifs sont des banalités de princes, rois et princesses, sans continuité ni grande recherche. Ces mondes de fantaisies produisent leur petit effet et s'effacent, la forme animée bien pittoresque ne suffit pas à couvrir ce manque. Triste ou lyrique, la musique est platement 'sublime'. Les déversements émotionnels n'ont rien à envier aux heures grotesques de Dolan (Mommy, Juste la fin du monde). Ce spectacle c'est la vacuité du fantastique espagnol conjuguée à une niaiserie américaine, un pachyderme emballé avec le misérabilisme au goût du jour.


https://zogarok.wordpress.com/2017/02/09/quelques-minutes-apres-minuit/

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le 8 févr. 2017

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