Les critiques pro ont été étonnamment dures avec cette suite. L'audace des deux réalisateurs a été largement sanctionnée tandis que je la louerais plutôt. Marre des films "mystère" qui se contentent de balancer du frisson sur un mode "on ne sait pas ce qu'il s'est passé et la fin n'en dira pas plus, au spectateur d'imaginer". Ouiii, je sais qu'on est tous traumatisés par les twists de M. Shyamalan, mais ce n'est pas une raison ! Regarde, quand Shylili tente un film "mystère" (Phénomènes), c'est tout aussi à chier ! Preuve que ça ne vient pas du concept de film mystère/pas mystère, simplement du mec qui crie "action". En sus, les films first person view (si j'écris "POV", je me fais griller direct — motus), à tort ou à raison, on a l'impression d'en avoir déjà bouffé des heures. C'est tout le drame de la génération jeux vidéo/YouTube, il faut être sacrément doué pour nous faire sursauter avec un monstre hurlant bondissant sur la caméra. Déjà vu, déjà joué, déjà expérimenté cent fois dans tous les divertissements impliquant le mot vidéo. De fait, j'ai consommé REC² comme j'ai gobé le premier : dans une voluptueuse ataraxie. Parenthèse : les artisans du divertissement en ont parfaitement conscience et tentent en ce moment de nous réanimer avec un nouveau gimmick appelé 3D. Hep les gars, même l'odorama sur des sièges montés sur vérins hydrauliques on l'a fait au Futuroscope en 89. Désolé, va falloir être plus subtils.
Pourtant, là encore c'est propre. Les scénaristes ont bossé et je trouve leur audace heureuse : ils prennent le risque d'expliciter ce qu'on effleurait à la fin du premier film et ajoutent une dimension pieuse qui fera ricaner les impies, hurler les experts ès zombies et frustrera les amateurs de questions sans réponses. Moi non, j'aime bien qu'on tente le truc et qu'on me rappelle au doux souvenir de quelques grands noms du cinéma (L'Exorciste, Alien, Blair Witch, les zombie flicks...). Souci : on ne fait pas un film qu'avec une idée. Et REC² se plante à mon sens avec sa volonté de multiplier les points de vue. Rien à branler en plus de plomber le rythme. Commencer avec une équipe de policiers escortant un G-Man à chapelet qui révèle enfin ce qui se trame dans les combles d'un vieil immeuble est plus intéressant que de suivre une brochette d'ado qui font claquer des pétards. OK, cela permet de doubler la durée du métrage (déjà très court) car on repasse par la case départ, mais l'astuce est trop visible puisqu'on recolle finalement à la première équipe. Il s'agit de gagner du temps et de varier platement l'intrigue, mais l'intérêt des épisodes étant trop asymétrique, ça ne fonctionne pas vraiment.
Ce qui m'a surtout plu, en fait, c'est l'incroyable travail de maquillage. Comme toujours avec les films qui privilégient l'approche old school plutôt que full SFX, le résultat est tellement "superior version" ! Les zombies sont magnifiques, les effets spéciaux discrets ; c'est ça que l'on veut dans un film d'épouvante. On veut sentir l'haleine des bestioles, voir couler leur bave sur l'épaule des acteurs. À la limite, le making of est encore plus révélateur que l'image tremblante et post-produite du film. Le détail et la qualité des décors sont admirables, les maquillages et prothèses bluffants, l'artificier et ses poches d'hémoglobine factice rendent joyeux. De la belle ouvrage pour un film de genre européen.
N'étant pas un béat du premier REC, cette suite décriée m'a parue plus qu'honorable. Mélange des genres risqué maîtrisé sur le fil. Reste cette forme FPS-temps-réel-YouTube-like qui fonctionne de moins en moins...