Angela Vidal : naufragée professionnelle
Novembre 2014 : la saga horrifique de Paco Plaza et Jaume Balagueró touche à sa fin. Le premier épisode sorti en 2007 a relancé l’intérêt du public pour le found-footage. Au programme : un virus se déclare dans un immeuble, les pompiers accompagnés d’une équipe de télé interviennent, et les choses - évidemment - tournent mal. Résultat : un film nerveux et vif, suivi deux ans plus tard par un épisode plus mollasson à cause de ses points de vue multiples mais apportant quelques détails intéressants sur l’infection.
Les deux réalisateurs se séparent pour s’occuper de leur propre film : Genesis, réalisé par Paco Plaza, s’avéra être une comédie horrifique complètement assumée, une « récréation » avant l’apocalypse orchestrée par Balagueró. Autant vous le dire tout de suite : si vous vous attendiez à la fin du monde, c’est raté.
Si le côté décalé de REC 3 vous a déplu, la mise en scène de Balagueró revient d’entrée de jeu dans un registre bien plus sérieux. Il mise sur la tension pure et sur un concept qui a fait ses preuves dans la saga : l’huis-clos. Fan-service oblige, on revoit pour une dernière fois l’immeuble de Barcelone et quelques infectés du premier opus. Angela finalement évacuée, elle se retrouve sur le Zarathustra, bateau mobilisé par l’armée afin d’effectuer des recherches sur le virus. Les intérieurs sont sombres, et étroits… et aucune échappatoire ne semble se présenter. De ce côté, c’est assez réussi. Mais (car il y a un mais, ou plutôt pas mal), les ficelles du film se présentent d’entrée de jeu : l’électricité du bateau saute à de multiples reprises, une tempête se dirige droit sur l’équipage… bon, vous devinez déjà ce qu’il va se passer.
D’autant plus que ces évidences contaminent également les personnages : on repère déjà qui sont les « gentils », les « méchants ». On a droit aux stéréotypes habituels du capitaine dont il s’agit du dernier voyage, au geek de service qui s’amuse tout de suite à mater Angela avec les caméras de surveillance, au mécano black qui se fait chambrer par un soldat sans cervelle, aux scientifiques cons comme leurs pieds. Et surtout, la crème de la crème : une petite vieille un peu folle, présentée comme la seule survivante du mariage. Il s’agit du seul lien tangible entre tous les épisodes de la saga, et celui-ci est très mince : le personnage en question ne sert strictement à rien.
Et c’est bien ça, tout le problème : en fin de compte, le film ne sert à rien. Il patauge dans la semoule, nous laissant vingt à trente minutes d’ennui avant que les choses ne deviennent sérieuses. Puis le tout devient redondant au possible : comme par hasard, Angela perd tout souvenir et (re)devient la courge de service qui passe son temps à brailler. Insupportable. On se mélange les pinceaux sur le virus et l’on apprend rien de plus à son propos. Le tout est très laborieux et l’on s’ennuie ferme. Quelques scènes « gores » viennent ponctuer le tout, mais gores entre guillemets car les effets spéciaux sont assez cheap, et donc, vraiment ratés.
Même les quelques retournements de situation sont téléphonés. Si l’on a un peu de jugeote, on peut très bien comprendre dès le début du film où le mal se trouve véritablement. En tant que conclusion à une saga, on aura trouvé mieux : la fin plutôt ironique ne sonne pas vraiment comme une véritable fin. Après tout, Balagueró a récemment déclaré qu’il pourrait s’intéresser à un cinquième film si des millions de personnes lui demandent.
Quand on voit à quel point la saga est massacrée dans ce film (ultime doigt d’honneur au found-footage : Angela qui bousille les caméras de surveillance), il serait vraiment préférable de s’arrêter là. Désolé, Jaume et Paco.