Les aventures de Jacques la Motte, homme psychotique s'il en est

Le Taureau enragé ne m'a ni plu, ni ému, ni impressionné, ni même scandalisé ou atterré. Il m'a tout simplement prodigieusement indifféré. Et je n'écris d'ailleurs une critique à chaud ce soir que parce que je suis d'humeur badine, que j'ai un peu de temps à tuer et afin que d'éventuels contempteurs futurs (ponctuels ou maniaques) de Sa Majesté Scorsese puissent un jour trouver dans ma prose quelque avatar de leur propre ressenti, si tant est que ces contempteurs existent (je précise à toutes fins utiles que je ne suis pas un détracteur récurrent de Sa Majesté ; juste de temps à autre, quand l'envie me prend).

Soyons nets : je me contrefiche du "noble art", et a fortiori, je me contrefiche a priori de la vie d'un de ses champions. J'ignorais le nom de Jake LaMotta avant de regarder ce film. Je l'aurai sans doute oublié dans peu de temps, ou du moins rangé dans un tiroir fort peu accessible de ma pauvre mémoire.

Si le synopsis du film ne devait donc pas nécessairement m'allécher, je crois cependant être en général toujours ouvert à me laisser impressionner, ou du moins toucher, par des films traitant de sujets qui ne m'intéressent pas. C'est plus difficile, mais cela existe ; j'en ai des exemples que je ne citerai pas pour éviter trop de digressions.

On l'aura compris, le Taureau furieux n'en est point. Oserai-je dire que même les aspects techniques ou les performances d'acteur n'ont pu réprimer mes bâillements circonspects ? Ne nous y trompons pas, je ne critique pas la qualité intrinsèque de la réalisation (encore moins celle des acteurs, que j'apprécie) ; peu me chaut, voilà tout.

Il a simplement manqué un je-ne-sais-quoi d'âme ou d'intelligence pour accrocher mon attention ou mon intérêt. Au lieu de cela, le Taureau sauvage n'a fait que me montrer à quel point c'était un boulet un peu fou dans sa tête, et peu m'importe. Qu'il gagne sa promise ? Je m'en fiche. Qu'il morfle sur le ring ? Je m'en fiche. Qu'il gagne son titre ? Je m'en fiche. Qu'il devienne malade de jalousie, tabasse son frère, connaisse une déchéance lamentable, perde sa famille ? Je m'en fiche d'une force remarquable.
Il n'y a même pas de leçon de vie derrière tout ça, de métaphore frappante de vérité ou de destin baroque susceptible de faire jaillir des sentiments aigus. Je ne passe pas forcément un mauvais moment devant le film, mais je ne suis pas dedans.

La question qui m'a le plus intéressé, c'était : pourquoi la belle Vickie ne quitte-t-elle pas sa tache de mari plus tôt ? (la marmaille, j'imagine ?)
Et en matière de scènes cultes, le tabassage made in Joe Pesci a quand même eu le mérite de susciter une once d'intérêt amusé de ma part ; alors que la scène du célébrissime "you fuck my wife" m'a encore une fois traversé sans m'effleurer.

Avant de finir, je souhaite inviter les exégètes patentés à comparer le nombre de "fiche" de ma critique au nombre de "fuck" du Taureau allumé, en les rapportant aux tailles respectives de nos discours. Ils obtiendront probablement ainsi l'âge du capitaine, à pi/2 près (j'ai dû hélas faire des approximations, par commodité).
Finalement, je préfère quand même le Taureau assis. Lui, au moins, c'était un chic type.
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le 16 juil. 2014

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