Voici l'exemple typique d'un film culte que tout le monde pense connaître, alors qu'en fait non. Et moi la première hein, je ne jette pas la pierre. A cause du 2 et du 3, on associe immédiatement Rambo à un Stallone bobybuildé qui défonce des gens dans la jungle de manière pas très gentille mais toujours virile et classe.
En fait non. Pour rappel, le titre original du premier Rambo est "First Blood" et était à l'origine un one-shot complètement antimilitariste. L'histoire de John J. Rambo, c'est celle d'un vétéran du Vietnam devenu un peu hobo sur les bords, qui vagabonde de villes en villes dans l'Amérique des années 1980. Il veut juste manger un coup dans un dinner, il ne parle pas, ne demande rien à personne, mais à cause de ses cheveux long et de son aspect pas très respectable, se fait chopper par des flics rednecks frustrés et sadiques. Comme on peut s'y attendre, après plusieurs heures de maltraitance physique et d'humiliations au poste de police, le jeune Rambo, un poil traumatisé par la guerre, pète un câble, s'échappe du commissariat et se réfugie dans la forêt où il est traqué comme une bête, bien obligé de se défendre contre ces flics fous furieux qui cherchent à le descendre.
Voilà.
Rambo, c'est une victime de la guerre comme une autre qui n'arrive pas à retrouver sa place dans une vie paisible et normale. Après avoir subi et fait subir les pires horreurs, après avoir été reprogrammé en machine à tuer, après avoir connu la fraternité virile mais vitale du "I got your back", John n'arrive tout simplement plus à se remettre dans le moule paisible mais hypocrite d'une société où l'amitié "à-la-vie-à-la-mort" n'existe pas et où tout n'est qu'apparence. Alors, forcément, quand on le pousse, le John revient vers ses instincts.
En plus d'être un bon film d'action, Rambo est avant tout un film hyper dérangeant. Ben oui, Rambo n'est rien d 'autre qu'une grosse victime incomprise devant une armée de bully frustrés d'action et de violence. Aucune des deux parties n'arrive à communiquer, (l'un parce qu'il ne le sait pas, l'autre parce que son statut de flic lui a toujours permis d'être obéis sans avoir besoin de discuter), on passe donc immédiatement à la violence destructrice. Et le pire, c'est que cette absurdité prend tout à fait sens ! Du coup, au lieu de remuer les bras en l'air comme devant l'incohérence des films de Nolan (c'est gratuit, bisou), on est frappé par le comportement horriblement crédible des protagonistes et la rapidité avec laquelle une situation toute bête peu dégénérer en gros bordel sanglant. John J. Rambo, c'est un peu de moi, de nous, de vous.
Un conseil si vous pensez l'avoir vu: revoyez-le !