Rambo
7.1
Rambo

Film de Ted Kotcheff (1982)

Dès le premier plan joliment automnal sur ce trimardeur qui arrive au loin dans une petite ville calme comme tant d’autre sur la musique de Jerry Goldsmith on se retrouve dans quelque chose de largement supérieur à la production d’alors, comme une révélation : Ted Kotcheff sait très proprement faire son travail, finalement, je me suis encore effarouché sans raison à l’idée de le revoir…

John Rambo, c’est le pauvre bougre mutique et pas très éveillé qui a le malheur d’avoir les cheveux trop longs et trop sales pour le shérif d’un coin où les braves gens s’emmerdent peut-être juste un peu trop pour que ça ne devienne pas inquiétant…

John Rambo, c’est aussi l’ancien béret vert, le dernier survivant des forces spéciales, le vétéran du Viet-Nam qui ne demande qu’une petite goutte d’eau pour remettre le feu aux poudres.

John Rambo, c’est la mauvaise conscience de l’Amérique.

Et on se rend compte une fois de plus combien le film est improbable, inhabituel, imprévisible, on se lance à corps perdu dans une chasse à l’homme bourrée d’idées brillantes, un vrai bon film de survie comme on n’en fera jamais plus, le tout superbement servi par un scénario d’une grande et terrifiante logique.

Dans le rôle de l’homme traqué, Stallone continue à forger lui-même sa légende, s’impliquant une fois plus dès l’écriture et s’il n’atteindra pas ici l’énorme succès de Rocky il se fabrique tout de même un deuxième rôle emblématique à l’avenir particulièrement rentable.

Face à lui, Brian Dennehy est toujours aussi ignoble en ordure majestueuse, il a dans son équipe un petit rouquin à l’avenir télévisuel prometteur et surtout la collaboration du désormais célèbre Colonel Trautman, l’inénarrable Richard Crenna…

De fait, c’est vraiment dommage que le final sombre un peu dans le n’importe quoi presque bisseux, Rambo créé déjà la silhouette iconique qui se ridiculisera dans deux opus nanardesques de sinistre mémoire, le bandeau, la mitrailleuse, le gilet de balles… et même si nous ne sommes à aucun moment dans l’infamie qui va suivre et qui retournera complètement le discours du film original, on la sent pointer déjà, insidieusement et plus les explosions seront impressionnante, plus les pièges minimalistes de la forêt me manqueront…

N’empêche, un film très honorable dans son ensemble et superbement porté par un Sylvester toujours très juste et émouvant lorsqu’il joue les inadaptés un peu demeurés. Animal, monolithe, le personnage se révèle finalement n'être qu'un gamin en détresse, abandonné par les siens sur l'autoroute comme le dernier des clebs et qui ne sait même plus sur quelle épaule étancher ses larmes d'enfant.

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le 14 janv. 2014

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Torpenn

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