C'est quoi ? De la lumière bleue. Et qu'est-ce que ça fait ? Du bleu.

Avant de commencer, faut quand même faire un petit point.
Rambo 1 - 1982 - "c'est l'histoire d'un mec" qui rentré du Vietnam peine à trouver sa place dans la société américaine qui le rejette.
Rambo 2 - 1985 - c'est le même mec, américain, en cours de réhabilitation qui se lance dans une nouvelle guerre du Vietnam et qu'il gagne ;
Rambo 3 - 1988 - Notre héros s'est réfugié dans un monastère bouddhiste où il aspire sincèrement au repos de son âme et surtout ne plus tuer. Enfin, il faut bien quand même de temps en temps gagner sa comptée et pour cela aller combattre des challengers avec une boxe avec des bâtons (peut-être thaïlandaise ? Pas sûr)


Le scénario est très, très mince. Son ancien Mentor, colonel Trautman, toujours Richard Crenna, vient le relancer pour qu'il puisse l'accompagner dans une mission dangereuse en Afghanistan. Il refuse mais peu après, apprenant que ce colonel s'est bêtement fait pincer et est prisonnier des soviétiques, il décide de partir pour le libérer. On y reviendra mais la faiblesse du scénario, c'est une des principaux défauts de ce film.


Le point intéressant est la vision que donne le film de l'Afghanistan : en 1988, le régime autoritaire soutenu par la présence de l'URSS s'oppose aux coutumes féodales défendues par les tribus et une partie du pays devenue rebelle et résistante au régime imposé. Dans le contexte de la guerre froide, les USA soutiennent en douce ces rebelles en leur fournissant des armes. Le film en 1988 rend hommage à ces rebelles, ces résistants d'un pays jamais envahi durablement, combattants d'une liberté dont on découvrira une bonne dizaine d'années plus tard l'effet pernicieux et complètement dévastateur. Et il ne faut pas perdre cette dimension - amusante - quand on regarde le film.


Après ça, le film ne manque pas de montrer le sport national, le fameux jeu de Bouzkachi qui a fait l'objet d'un splendide roman "les cavaliers" de Joseph Kessel et un film, tiré du livre, de Frankenheimer. Bien sûr Rambo voyant ce jeu veut y goûter et y excelle. Forcément.


Ensuite , le film est une série de scènes de baston en tous genres où Rambo, aidé par des Moudjahidines, attaque la garnison soviétique équipée de matériel plutôt sophistiqué (des hélicoptères notamment).
Et on assiste à toutes sortes de combat qu'on avait déjà goûtés dans Rambo 2: les flèches explosives, les flèches normales, avec la plastique démentielle, hyper body-buildée de Stallone.
Le clou du spectacle sera un duel tank - hélicoptère.
Mais d'autres scènes sont dignes de figurer dans cet avis où comme dans les westerns américains, quand la situation est désespérée pour le couple Rambo-Trautman, seuls face à l'armée soviétique entière, il y a la cavalerie qui arrive sabre au clair et sans trompette. Oui mais c'est la fameuse cavalerie afghane qui permet de retourner la situation. Ouf, j'ai failli avoir peur.


Mais la scène que je retiendrai, c'est celle où Rambo est blessé par une balle qui traverse son ventre (sans toucher l'intestin, je vous rassure) et qu'il soigne lui-même : Comme il y a deux orifices générés par la balle, il y glisse au milieu de la poudre qu'il enflamme de sorte à s'auto-cautériser. Apparemment à voir son visage, ça a l'air de faire un peu mal. Trop fort. Du second degré ? Pas sûr du tout.


Je ne reviendrai pas sur les deux acteurs Stallone et Crenna sinon pour dire que les scènes de torture et d'interrogatoire de Crenna par les soviétiques ne sont pas à la hauteur de l'enjeu du film.
D'abord, faut vraiment que la caméra se concentre sur les yeux du soviétique (joué par un acteur français Marc de Jonge) pour donner l'impression qu'il est pas content et qu'il pourrait, à la rigueur, être méchant. Comme le signale un contributeur de SC, la séance de torture de Crenna n'est pas crédible et frise le ridicule. Complètement d'accord avec lui, il n'y a pas de vrai travail de mise en scène. Pour un peu, le soviétique taperait du pied par terre, dépité par la non réponse de Crenna qui s'amuse avec le fameux "in Uranus". Un bon tortionnaire n'aurait jamais laissé passer ça. La réputation du KGB laisse à désirer.


Je pense aussi que le scénario n'est pas suffisamment approfondi. D'ailleurs comment justifier que ce même soviétique qui est le patron local (il le dit lui-même) soit aussi tortionnaire et soit carrément aux commandes de l'hélicoptère de combat ? En URSS, les travailleurs étaient donc polyvalents ?...
C'est l'impression générale que je retire de ce film : on a voulu faire un film d'action avec de l'action en tous genres en pariant que le spectateur, ravi, aurait son comptant de scènes spectaculaires et ne se préoccuperait pas des détails. Sauf qu'au cinéma, ce sont les détails (comme les seconds rôles) qui font le suspense et le bon film.


Restons sur une note amusante en citant la prière évoquée par un moudjahidine qu'un bon scénariste et un bon réalisateur auraient mieux mis à profit :
"Puisse Dieu nous délivrer du venin du cobra, des crocs du tigre et de la vengeance de l'afghan !"

JeanG55
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le 18 juin 2021

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