Encore un film pro-Américain ! Ah ben non en fait…
À l'image de Rocky IV, Rambo II reste un succès grandiose sur tous les plans dans la carrière de Sylvester Stallone, au sommet de sa gloire comme jamais.
Le contexte du personnage de Rambo planté au premier film a eu un impact plus ou moins similaire à celui qu'a pu provoquer Rocky malgré un sujet totalement différent et le fait que Stallone soit déjà populaire avec deux Rocky derrière lui au moment de tourner First Blood (que nous avons baptisé Rambo ou encore Rambo I ici).
Beaucoup ont eu tendance à placer Rambo II comme un double "politique" de Rocky IV (Ou Rocky IV comme un double "politique" de Rambo II, c'est selon !). Et pour cause, dans les deux cas, il est effectivement état de la rivalité USA/URSS.
Et dans les deux cas, la compréhension du film a été plus que compliquée en matière de critique ! Oui, Rambo est Américain. Oui, Rambo aime son pays (comme il le dira de toute façon lui-même à la fin du film). Constat pas forcément évident à l'issue de First Blood mais pourtant tellement certain puisqu'il est un soldat revenu du Viêt-Nam, ce qui implique un certain amour de sa nation pour y être allé. Alors ni une ni deux, quand on aime sa nation, c'est du patriotisme. Donc le film est pro-Américain. Point final ! (Aussi tranchée comme critique que Trautman dans First Blood : Dans le doute, tuer).
Sauf que là où la critique (je le rappelle, générale, car, heureusement, d'autres ont su penser autrement) s'est encore plantée avec un contre-sens aussi énorme que pour Rocky IV, c'est qu'on oublie un peu vite qu'une fois sur le terrain, John Rambo est encore merveilleusement lâché par les États-Unis. Ce qui n'est pas sans rappeler son retour sur le territoire américain dans First Blood !
Dans ces conditions, où sont les notions de patriotisme ? Certes, l'adversaire est russe et on est toujours dans ce contexte de guerre froide. Mais l'adversaire n'est pas que russe et est donc aussi américain car Rambo est abandonné sur le terrain alors qu'il vient de libérer des soldats américains ! Et là, on se dit qu'encore une fois, il y a comme qui dirait erreur sur l'interprétation !
À côté de cela, le film offre un très bon spectacle, très divertissant et c'est non sans mal que le cœur palpite pour John Rambo. Dès lors, on attend plus qu'une chose : Qu'il revienne donner une leçon à ceux qui ont préféré le laisser tomber alors qu'il ramenait des prisonniers de leur propre armée et qu'il marque clairement son rejet ultime du triomphalisme américain auprès de son mentor, Trautman : Pas de retour aux États-Unis. Alors qu'il aurait été tellement plus simple (et surtout abondant dans le sens de la critique courante !) de rentrer fièrement sur le territoire américain avec une ribambelle de soldats libérés ! Et oui… Difficile de faire moins patriote que ça.
Peut-être que je suis un tant soit peu niais, mais je ne vois pas où est le pro-américanisme dont on parle si bien aujourd'hui dès qu'il s'agit de discuter de Rambo II ? De même que je ne l'avais pas compris pour Rocky IV, où effectivement, Rocky est au coeur de la guerre froide, mais n'en a pas grand-chose à faire finalement.
Tout comme ce dernier, Rambo viendra remettre les pendules à l'heure et placer les États-Unis devant leur lâcheté et le très mauvais sort réservé à des hommes qui ont été les leurs et dont la seule erreur a été de perdre une guerre où on les avait donnés vainqueurs. Et au passage enfoncer un peu plus le clou planté par First Blood.
Vous vous rendez compte ? Un "film de propagande Américain" peut devenir en quelques minutes, un "film de critique de la propagande Américaine". Je pense qu'au moins maintenant, c'est dit ! Et qu'il faut peut-être à un moment donné arrêter d'avaler le discours l'opinion courante et s'intéresser un peu plus en profondeur à ce qui se passe devant nos petits yeux quand ce film défile sur notre petit (ou grand) écran.
Reagan fut très habile pour s'en servir lui-même de propagande ce qui a aussi sans doute participé à rapprocher le film du discours "Pro-USA" et à totalement éclipser l'abandon sur place de Rambo par les États-Unis dans le film, mais Stallone, quoi qu'aussi Républicain que Reagan dans la vraie vie n'a pas fait de Rambo un Républicain super patriote, bien au contraire ! Et cela se voit quand même assez bien au vu des éléments avancés… Il avouera lui-même plus tard, l'utilisation de Reagan de Rambo pour instrumentaliser ses discours l'a profondément gêné et a bien signalé que son personnage est au-dessus des clivages politiques.
Rambo II restera donc l'un des plus gros succès des années 80, le plus gros de la carrière de Stallone avec Rocky IV (chiffres non-ajustés ! Car d'autres avec chiffres ajustés sont bien meilleurs) mais à l'image de Rocky IV, n'a pas été compris par la critique générale.
Il ne faudra pas oublier non plus qu'il est sans contestation possible de ces films dont le caractère divertissant, le spectacle proposé et l'empathie pour le personnage principal nous ont offert de très belles heures du cinéma.