Jeu d'arcade des années 80 voyant trois monstres géants s'amuser à détruire des buildings, "Rampage" n'avait pas vraiment les cartes en mains pour marquer l'histoire, à part peut-être celle des aficionados de vieux jeux vidéos. Pourtant, Brad Peyton, qui a auparavant commis l'affreux "Voyage au centre de la Terre 2" et réalisé le sympathique "San Andreas", livre sa vision du jeu, un film de monstres géants qui détruisent tout (au moins, là-dessus, le spectateur n'est pas floué) avec Dwayne Johnson en primatologue musclé et amoureux des bêtes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça sent le réchauffé...
Bon, déjà, l'idée de base est assez mince pour en faire un long-métrage. Ensuite, face aux sagas voyant s'affronter Godzilla et King Kong, les Avengers et des demi-dieux intergalactiques, montrer des monstres géants se mettre sur la gueule avec moins de moyens et moins d'envie, c'est un peu se tirer une balle dans le pied. A la manière du jeu vidéo réactualisé que tout le monde a oublié, "Rampage" arrive des années en retard et, alors que c'est sa seule et unique raison d'être, n'impressionne même pas dans ces scènes de gigantisme et de génocide immobilier. Les effets spéciaux sont assez laids (on dirait que le crocodile géant a des épines en mousse...), les enjeux sont minimisés par une réalisation d'une platitude abyssale et le scénario est d'une bêtise hallucinante.
Da manière assez saisissante, le film de Peyton offre une galerie de seconds rôles tellement nulle qu'elle ne trouve aucun équivalent dans quelques blockbusters que ce soit ces dernières années. La palme est cependant décernée aux méchants, insipides, dont le rôle est réduit à un cliché où chacune de leurs intentions n'est guidée que par le fait d'être encore plus méchant. Sans oublier Negan, euh, pardon, Jeffrey Dean Morgan, qui parodie son rôle de "Walking Dead" alors que les deux personnages sont totalement opposés ce qui donne une espèce de pitrerie constante où l'on attend juste qu'il s'arrête de théâtraliser absolument tout ce qu'il fait.
Pourtant, on prend toujours autant de plaisir à voir Dwayne Johnson sur l'écran tout comme sa gueule, son sourire, son jeu un peu outrancier. Et sa relation avec le gorille géant est assez sympa puisqu'elle ouvre un peu sur une thématique peu abordée au cinéma, la protection des animaux dans le monde. Mais voilà, c'est tout. L'ensemble respire une sorte d'inconsistance généralisée, du déjà-vu en nettement moins bien à une époque où l'on frôle l'indigestion face aux scènes de destruction massive. On se dis trop souvent que l'on nous prend pour des cons face à des situations écrites avec les coudes pour que le film soit un temps soit peu respectable.