Premier long de la soirée, Razorback de Russel Mulcahy, que je ne connais pas et me fais un plaisir de découvrir. Deux courtes introductions par Cristophe Lemaire puis par le réalisateur lui-même (par écran de cinéma interposé pour celle-ci) nous mettent l’eau à la bouche. Comme son nom l’indique, le film de Mulcahy raconte la quête hallucinée d’un homme parti à la recherche de sa femme dans l’outback australien, et de ses rencontres, pour la plupart inhospitalière, entre autres avec un sanglier géant. Hallucinant cette première séquence, nous plongeant dans un univers plus qu’irréel, sorte de cauchemar brulant éveillé. De l’outback, nous partons à New York, rencontrer la disparue, journaliste d’investigation et militante pour la protection des animaux. Le film dépeint alors les chasseurs et autres mangeurs de viandes comme des arriérés mentaux, avec une peau à problème et une certaine envie de tuer tout ce qui bouge, rien que pour le plaisir, cette image n’est d’ailleurs pas pour me déplaire, et je me régale de la vulgarité de certains personnages. Les décors dont l’abattoir autour duquel se concentre l’action ont l’air d’être tout droit sorti de Mad Max : The Road Warrior, sorti quelques années auparavant, et font du film une sorte d’errance apocalyptique, la musique, sorte de vagues synthétiques et parfois rythmiques, renforçant ainsi l’ambiance sordide et caniculaire du long-métrage. La créature est plutôt réussie, malgré son immobilité parfois légèrement frustrante. J’aurais aimé la découvrir un peu plus mobile, mais la qualité de mise en scène de certaines séquences (la fin est à mon avis un peu raté), rattrape le coup habilement, en faisant de la caméra, comme dans Jaws de Spielberg, la véritable menace qui se meut à une rapidité fulgurante. Une des nombreuses réussites du film de Russel Mulcahy est dans son absence d’explications. Confronté à l’horreur sans savoir pourquoi, le spectateur est donc libre de voir dans ce monstre tout ce qu’il veut, vengeance de la nature, mutation génétique du à l’homme, la vermine qui se venge de son extermination, simple erreur de la nature ou délire cinématographique gratuit… Bref les interprétations sont multiples et le plaisir n’est donc jamais absent du long-métrage.
Tiré du journal du festival des Hallucinations Collectives 2016 : lire l'article entier sur mon site...