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Comment faire la critique de ce film sans faire la critique de la page Sens Critique Re-Calais ?

Les arguments ad hominem pleuvent, les "anti-migrants" (expliquez-moi, par pitié, le sens que peut avoir ce terme !) hurlent au manque d'objectivité et au misérabilisme... Et les notes témoignent bien d'un acharnement non pas contre une œuvre mais contre des idées ou un réalisateur.

Et ça me dérange...

Je ne vais pas faire une critique de ce film (en deux mots, je ne l'ai sûrement pas trouvé parfait, loin de là, mais beau et nécessaire, souvent juste), mais une critique des critiques et des arguments [qui me semblent] fallacieux qui les peuplent :

1) Manque d'objectivité : mais bon dieu, qui a parlé d'objectivité ? Comment peut-on faire un film humaniste en restant objectif ? C'est tout simplement pas possible ! Et ni Yann Moix, ni ARTE n'a promis la moindre objectivité d'ailleurs... Vous regardez un film partisan, qui parle d'un sujet au combien émotionnel, je vous laisse trouver de l'objectivité là-dedans. Et franchement, entre nous, on parle de l'objectivité de vos critiques ? ;)

2) Pas de fiabilité des témoignages : bah non, effectivement. Mais en allant voir ce film, je ne m'attends pas à lire un article scientifique où chaque assomption est sourcée ou à un travail journalistique citant ses témoignages. Je veux voir ce qui se passe à Calais, les gens qui y vivent et comment ils y vivent. Si vous voulez des faits, ouvrez le téléjournal. Les deux médias n'ont pas du tout la même portée et le même but : dans un reportage du JT, les migrants sont des ombres oppressées par une voix off relatant quelques accidents, appuyée par des témoignages de quelques élus politiques ou de responsables associatifs... Ce n'est pas du tout le dessein d'un tel film.

Ce qui est particulièrement intéressant, c'est lorsque Moix demande aux habitants énervés "ce qu'est réellement la situation à Calais" (eux se plaignant d'une peinture médiatique fausse) : la réponse se fait toujours attendre...

3) Il ne laisse la parole qu'aux migrants : bah non, c'est faux. Le film se montre certes critique contre la police (et les agressions qu'il relate), mais pointe aussi très bien les difficultés de la situation pour les deux côtés : on parle des bastons, des vols, des problèmes sanitaires, de l'alcool... Une situation qui se traduit bien dans les témoignages et leurs nombreux "oui mais". La plupart des protagonistes reconnaissent les horreurs qu'ont vécu ces gens mais en même temps peinent à les accepter dans leur village. Et c'est compréhensible. Compliqué, mais compréhensible.

Et la parole est bien donnée à toutes les couches de la population, ce que je trouve particulièrement intéressant et important (différentes classes sociales, différents milieux associatifs ou policiers, les migrants...).

4) Réquisitoire contre les flics : à nouveau, c'est faux. Le film est critique contre les flics et comment ne pas l'être quand on voit ces images où des sortes de Rambos désaxés jouent de leur mitrailleuse pour intimider les exilés ? Toutefois, ce que montre Re-Calais le plus souvent, ce sont des visages de policiers gênés, mal à l'aise avec le travail qu'on leur impose de faire, conscients de la souffrance des êtres qu'ils doivent chasser...

Bref, ces critiques m'énervent de par leur mauvaise foi et leur manque d'honnêteté intellectuelle. On a amplement le droit de trouver horripilant le réalisateur, mais cette page n'est pas là pour devenir le défouloir de ses haters. On a amplement le droit de trouver mal réalisé le film, mais de là à lui attribuer un 1 sans critique argumentée, on frise la malhonnêteté.

Re-Calais est un film qui ne juge pas, montrant des scènes de vies quotidiennes d'un coin de France pris dans une tourmente internationale, truffé de maladresses mais pourtant souvent si juste. Un film humaniste, nécessaire dans cette époque où les scores des partis extrêmes dénotent bien d'un problème de crainte identitaire forte.

Et alors ne me reste qu'une question... Pourquoi cet acharnement contre Re-Calais ?

La vérité vous ferait-elle peur ?

Ces images vous feraient-elles peur ?