Adaptation du roman d'Ernest Cline, paru en 2011, Ready Player One prend place en 2045. L’intro du film annonce d’emblée la couleur. On y découvre un quartier pauvre de Columbus, Ohio, où s’entassent à la verticale des centaines de mobil-homes sur fond de Jump de Van Halen (on se croirait presque au stade Vélodrome !). Cette première scène résume assez bien l’ambiance rétro-futuriste du film.
En 2045, le monde ne fait plus franchement rêver. Alors bon nombre d’humains préfèrent passer leur temps dans l’OASIS, une espèce de jeu de rôle géant en réalité virtuelle, où chacun peut avoir une vie incroyable via l’avatar qu’il se sera créé, loin d’une "vraie vie" bien moins attrayante.
Ce monde immatériel, dans lequel chacun peut vivre via un casque de réalité virtuelle, est la création d’un certain James Halliday. Un geek à l’ancienne, né probablement dans les années 1970, ce qui explique les nombreuses références à la pop culture des décennies 70 à 90 dont le film est bourré.
A sa mort, les joueurs du monde entier découvrent un message vidéo de Halliday qui promet de céder sa fortune (500 milliards de dollars tout de même), ainsi que sa société, à la personne qui réussira à trouver l’« œuf de Pâques » qu’il a caché dans l'OASIS. Un véritable jeu de pistes qui va nécessiter autant de dextérité de la part des joueurs, qu’une parfaite connaissance de la vie et des passions du créateur de cet univers virtuel.
Dans cette course effrénée entre des millions de prétendants, l’histoire s’attarde sur deux camps distincts : celui des jeunes (et gentils) geeks emmené par Wade. De l’autre, une multinationale aux dents longues dont le PDG, Nolan Sorrento, ne semble prêt à reculer devant rien pour parvenir à ses fins.
Ainsi, Ready Player One va constamment « switcher » entre monde réel et virtuel. Dans ce dernier, les humains prennent la forme de l’avatar qu'ils se sont créés et répondent à un simple pseudo, et non à leur véritable identité.
Auteur d’un beau carton aux USA comme en France, le film de Steven Spielberg ne fait pourtant pas l’unanimité de la critique. La faute à quoi ?
Déjà – peut-être- aux références outrancières à la pop culture. S’il s’agit probablement de l’aspect le plus « vendeur » du film vis-à-vis notamment des trentenaires et quarantenaires, Ready Player One en fait trop. Il « dégueule » ses « clins d’œil » sans aucune finesse : et vas-y que je fais une course de bagnoles en DeLorean avec King Kong qui déboule sur la piste, que je te balance une scène dans l’hôtel de Shining ou que Chucky tape l’incruste au milieu d’un combat. Il serait trop long de tout citer mais toujours est-il que Ready Player One ne fait plus dans la nostalgie intelligente mais dans le racolage, ce qui enlève tout le charme de la chose.
Toujours concernant l’univers du film, les parties se déroulant dans l’OASIS offrent une esthétique, là aussi, sans grand charme. Les personnages/avatars semblent tout droit sortis d’un épisode des Gardiens de la Galaxie et les décors, bien que parfois impressionnants, manquent d’identité.
Dans le monde réel, ce sont les acteurs, les vrais, qui manquent de charisme et peinent à séduire, si bien que seuls les ados parviendront à s’identifier à cette bande de nerds boutonneux (bon ok, ils n’ont pas de boutons en fait).
Ready Player One, malgré ses 2h20, affiche un rythme bien maîtrisé et parvient donc, malgré tout, à tenir le spectateur en haleine.
Alors même s’il s’apparente à un pot-pourri d’un tas d’univers, sans grande personnalité propre, et que son scénario ne s’épargne pas un manichéisme pompeux, il n’en demeure pas moins un divertissement très correct.
Il parlera probablement avant tout à la génération des 10-20 ans, celle qui n’envisage pas de jouer à la console autrement qu’en ligne ou avec un Playstation VR vissé sur la tête, et éventuellement aux plus vieux qui seront passés à travers le sentiment d'overdose que provoquera, aux autres, ses références trop appuyées.