Énorme déception sur le fond, après avoir entendu que Spielberg signait ici un film sur la réalité virtuelle. Il ne signe en réalité qu'un film de science-fiction et d'action, dont l'esthétique et le scénario ne surprennent pas un seul instant (si on est fair play, on dira que les références multiples prouvent que ce qu'on a déjà fait est suffisant...).


La réalité virtuelle elle-même n'est pas un sujet traité par le film: rien sur la technologie (son évolution, sa façon de fonctionner, son coût, son implantation mondiale, l'allure de son marché, son interaction avec la société, ses perspectives de développement, etc), rien sur le politico-social (voir plus bas). Le jeu n'est pas non plus détaillé: très peu (une scène durant laquelle on découvre Aech et une où on parcourt à vitesse lumière différents sites) sur le système de jeu (levels, collaboration entre joueurs, missions...), rien sur la technique (serveurs, équipe, maintenance, coût, équipement requis, statut privé/public, rapport avec l'état, l'école, etc).


L'analyse et la contextualisation sociétale est immédiatement reléguée aux oubliettes dès qu'elle est mentionnée. En effet, la réalité de l'organisation sociale qui pousse les gens à s'évader vers l'Oasis se réduit à 1) la Rebellion (immédiatement oubliée et remplacée par un gang de gamins sauveur de monde) 2) l'arrivée de la police à la fin du film, unique témoin d'un état inexistant, alors qu'une firme semble pouvoir à loisir déployer des milices dans les quartiers 3) une caricature du capitalisme cupide, tout-puissant et ravageur. Pourtant, cette réalité est invoquée explicitement plusieurs fois dans le film afin de motiver la mise en place de la situation à laquelle on témoigne. Maladresse au mieux, arnaque au pire.

QuentinBonnefoy
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le 8 avr. 2018

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