Catalogue de références:
Ceux qui ont vus RPO de Spielberg n'auront pas échappé aux multiples références musicales et cinématographiques, ou de jeux vidéos. Ainsi le film peut apparaître comme un "Où est Charlie?", ce livre dont le but est de retrouver dans une image détaillée le personnage rayé de rouge et de blanc. Là, les références sont cachées dans l'image (plus ou moins bien, d'ailleurs), comme dans Popcorn Garage (jeu vidéo qui consiste à retrouver toutes les références cinématographiques cachées dans un garage, très amusant d'ailleurs). Bel hommage de Spielberg qui frôle le danger que ces références ne prennent le dessus sur l'histoire. Sans doute le plus bel hommage est celui rendu au Shining du grand Stanley Kubrick. Je n'irais pas plus loin pour ne pas risquer de trop en dire.
Classicisme et modernité:
L'histoire est classique, suit un schéma classique, aborde des thèmes classiques. La double identité (réelle et fictive) hitchcockienne par exemple; le discours (pseudo) politico-philosophique (dont la morale est "il n'y a que le réel qui est réel"!!!), discours utopiste devenu classique, est déjà employé par de nombreux réalisateurs, dans Les 39 marches d'Hitchcock ou dans Le dictateur de Chaplin, par un autre exemple, inscrivent le film dans l'héritage du cinéma. La liste d'exemples serait encore longue. L'histoire, pour faire court, n'est pas le point fort du film, ce n'est pas là où Spielberg nous prouve son talent de conteur comme il a pu le faire dans E.T. ou Pentagon Papers. La modernité du film se trouve dans le monde de la réalité virtuelle, c'est-à-dire dans la partie effets spéciaux du film, partie d'animation (qui peut sembler prendre une trop grande partie du film). La modernité, si ce terme existe en cinéma, sinon l'originalité du film, est de jouer sur l'alternance image filmée/ image animée (je ne dis pas moderne, car on retrouve ce procédé dans le bon vieux Qui veut la peau de ROger Rabitt par exemple). Mais la modernité, c'est aussi sans doute de faire un film en jeu vidéo (même si, là encore, il y a les Mondes de Ralph, dans un autre registre!), c'est-à-dire de dépasser les limites assignées au cinéma, d'agrandir les frontières de la définition du cinéma (ou bien aller trop loin, question interminable). Spielberg propose un film aux carrefours des arts numériques.
Science-fiction ou nostagie?
Paradoxalement, cette question est légitime. 2045 c'est le futur, la réalité virtuelle, si elle existe déjà, se démocratisera (peut-être) dans le futur. C'est un film formellement de science-fiction, et le rappel un peu lourd des dates le souligne. Mais l'ancrage si profond dans la pop culture des années 70-80 est si fort qu'on se croirait plus dans le passé, aux débuts des jeux vidéos. Sans doute pour une question pratique Spielberg place-t-il son film dans le futur, mais on pourrait penser que ce n'est pas nécessaire, car le mon utopie (non-lieu) (ou dystopie, selon les points de vue) a aussi une valeur intemporelle: n'importe où n'importe quand. La nostalgie qui émane de ce film n'est pas mélancolique, il n'y a pas de "c'était mieux avant" ou autres. Il n'y a qu'un "c'est comme ça" (en l'occurence ça sera.serait comme ça demain). Donc l'utilité du futur est contestable.
Pour finir, RPO est donc un film original et classique, archaïque et moderne. Cependant, la partie animation semble prendre le dessus sur la partie film et le sujet n'est plus tant le futur que le jeu vidéo (raison de plus de croire que le futur n'est qu'un ornement): la cohabitation est bancale. Mais pour les yeux, c'est un film qui épate (premiers plans efficaces quant à l'imprégnation dans un monde spécifique et unique).

Alfred_Babouche
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le 11 mai 2018

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