Back to The Future... in the Eighties !

Bon alors, que ce soit bien clair, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde pendant les deux heures et vingt minutes du film (deux heures et dix minutes si on enlève le générique de fin !), le film est parfaitement maîtrisé de bout en bout sur le plan technique (ce qui inclus les effets spéciaux !), et les acteurs, avec le peu qu'on leur a donné (je vais revenir sur cet aspect plus tard !), font très bien le taf... Cette petite introduction est là pour justifier le fait que la note que j'ai donnée à ce Spielberg va peut-être paraître assez indulgente par rapport à ce que je vais écrire dans le reste de la critique.


Donc, pris dans sa globalité, Ready Player One est un divertissement très efficace. On n'en attend pas moins d'un Spielberg, mais le problème c'est qu'on en attend aussi beaucoup plus.


Ah oui, une dernière précision, je n'ai pas lu le livre donc je ne sais absolument pas si les reproches que je vais faire peuvent s'appliquer aussi à celui-ci.


On va commencer par les références, hyper-présentes jusqu'à l'overdose dans ce film, pour la raison que j'ai envie de faire des reproches sur ce point mais avec une certaine nuance.


A part quand on est dans une parodie, ou éventuellement quand c'est vraiment au tout début (pour la raison qu'à ce moment-là, le spectateur n'est pas encore plongé totalement dans le film ; ce qui fait que l'accumulation de références hyper-explicites, dont une à Jurassic Park, dans la scène de la course ne m'a pas dérangé !), je ne suis pas fan de références vraiment visibles (mais vraiment visibles de chez visible !). Je trouve qu'il faut laisser faire la culture et le sens de l'observation du spectateur, car il n'y a rien de plus satisfaisant et d'auto-valorisant pour lui que de trouver dans un film une référence bien cachée (tout en n'ayant aucun conséquence sur la compréhension scénaristique pour les spectateurs qui sont passés à côté !).


Donc le truc genre "Zemeckis Cube" (sérieux ?) et la très longue référence au Shining de Stanley Kubrick, non je n'aime pas forcément. De plus, on pourrait se dire qu'il s'agit des références de Spielberg et qu'elles ne seront pas forcément celles du personnage joué par Mark Rylance (auquel le réalisateur a dû s'identifier !), qui serait né, si je ne me trompe pas 20-25 ans après lui, donc qu'on verrait avec d'autres références cinématographiques plus récentes. Mais là, j'ai envie d'apporter une nuance au reproche que je viens de faire. Etant donné la médiocrité routinière dans laquelle s'enlise le cinéma depuis les années 2000 (et je crains que cela ne s'arrange pas pendant les deux prochaines décennies !), je doute qu'il y ait dans le futur des œuvres de référence aussi fortes que Shining de Stanley Kubrick ou encore que Retour vers le futur de Robert Zemeckis. Pour en revenir à la longue référence à Shining, Spielberg semble résumer une oeuvre d'une richesse et d'une ambiguïté incroyables à juste quelques moments parmi les plus iconiques de l'ensemble. Bon après, j'ai apprécié une bonne idée, à savoir le personnage qui n'a pas vu le film et qui commet des erreurs qu'un spectateur connaissant l'oeuvre de Kubrick n'aurait jamais faites.


Bon assez parlé des références... Maintenant, une chose encore plus gênante, les personnages... Non, franchement le coup de l'ado qui fait équipe avec une ado qui lui dit qu'ils font équipe uniquement parce qu'ils n'ont pas le choix tout en mettant une distance ferme pour ensuite, enfin vous savez quoi... Non, franchement, ça a été fait des milliers de fois auparavant, c'est prévisible, c'est stéréotypé, ça en est devenu sans substance à forme d'être utilisé et réutilisé... Pour les méchants, d'abord à quoi sert le personnage joué par Hannah John-Kamen. Elle apparaît deux-trois à faire la méchante très méchante, et puis rien d'autre... Mais le pire, c'est sans conteste pour le personnage joué par Ben Mendelsohn. Là, on est vraiment dans la caricature du méchant très méchant sans nuance. Et pour moi, c'est le pire car il y avait la possibilité de faire beaucoup beaucoup mieux avec le potentiel de ce personnage. Par exemple, cela aurait pu donner quelque chose de plus profond, de plus intense, et de plus intéressant, si les relations passées de ce personnage avec celui de Mark Rylance avaient été exploitées à fond.


Dernier point (parce que ma critique commence à être interminable !), la fin...


C'est quoi cette fin de merde, qui arrive de nulle part ? La police, la justice qui débarquent de je-ne-sais-où alors que tout indiquait auparavant qu'on était dans un monde où les puissants avaient vraiment le pouvoir total et que les pauvres n'avaient juste comme possibilités que de fermer leurs gueules et de subir. Mais qu'est-ce qu'elles branlaient les institutions pendant deux heures de film, puisque visiblement elles existent dans le monde futuriste dépeint dans le film. Et ensuite la morale du film. Cette morale qui dit en gros que "s'évader dans un autre monde, c'est bien, mais que par contre cela peut-être néfaste si on ne prend pas un peu de temps pour régler les problèmes du monde réel" est très pertinente. Mais elle est balancée comme cela, à la fin, sans que rien auparavant ne mène à développer cette morale pour la faire aboutir ainsi. Il aurait fallu dans ce cas-là développer beaucoup plus le monde réel dans lequel vivent les personnages et passer un peu moins de temps dans le monde virtuel.


Voilà, tout ce que je peux dire (d'une manière un peu désordonnée, je le reconnais et je demande pardon pour cela !) sur ce Spielberg, et les raisons pour lesquelles il m'a déçu. J'aurais pu aborder d'autres aspects certainement, mais qui ne m'ont pas suffisamment marqué, en bien ou en mal, pour que je le fasse ; ce qui fait que j'ai préféré parlé des aspects les plus mémorables, plutôt en négatif malheureusement. Bon, ouf, c'est enfin terminé... Salut...

Plume231
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le 14 août 2018

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Plume231

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