Quand j ai vu l'affiche du film, je me suis demandé si RPO était un "Jurassic Park" des Jeux Vidéos. Je n 'ai pas aimé le film qui a remis au goût du jour les dinosaures pour les propulsés en tête de gondole dans une franchise à rallonge où les pauvres scénaristes ont fini par transformer les TREX en teckels qui ramènent le " nonoss" avec un dresseur qui murmure à l'oreille des sauriens.
Speilberg n'a plus rien à prouver sur le plan cinématographique. Inventeur de génie, scénariste parfois affuté, réalisateur hors-pair, révolutionnaire du traitement de l'image sur grand écran et surtout un homme curieux qui ne s'est jamais cantonné à un domaine.Il y a un grand écart entre " Tintin", "Les Aventuriers de l'Arche Perdue" et "La Couleur Pourpre". Avec du génial, du bon et du moins bon bien sur. Personne n 'est parfait.
Faisant parti de la génération qui s'est arraché les yeux sur une console atari 2600 branché sur une télé en noir et blanc à l'époque ou les programmes TV des 3 chaines s'arrêtaient à 23h30, j'étais vraiment dubitatif face à ce film.
Et pourtant, quelle claque!! Quel bonheur de voir Steven, 72 ans, s'amusé comme un gamin et nous présenter un spectacle DI VER TI SSANT, qui au premier abord semble léger...MAIS avec une profondeur en creux. Je ne vais pas gloser sur cet ode à la pop culture, même si les références sont tellement nombreuses et jouissives.
Alors oui les personnages sont un peu simples, oui le scénario est assez cousu de fil blanc , oui la psychologie des personnages n 'est pas égal à celle de "Cri et Chuchotement" de Bergman, oui ce n 'est pas un film qui interroge l 'esthétique de façon complexe avec huis-clos angoissant desservi par des acteurs magistraux, oui ce n est pas un film complexe avec des dialogues de stéphane Mallarmé que seul une poignée d'initiés universitaires vont ériger en modèle, oui ce n 'est pas un film culturel qui demande un érudition kilométrique....
Oui c 'est un film populaire qui tout en glorifiant l'âge d'or des années 80/90, met un sacré coup de griffe dans la forteresse des Gamers hardcore qui passent plus de temps sur les réseaux de Microsoft et de Sony que dans la vie réelle. Traité en creux , le sujet de l'addiction aux jeux en ligne pour fuir un monde où l'on est plus personne est une provocation insolente que j ai adoré!
De temps en temps je ressors ma ps2 et je joue un peu, et ensuite je sors dehors.
RPO est un grand spectacle, un hommage aussi à Shining. Les fans érudits de Kubric se sont étranglés devant une telle insolence.
Mais l 'insolence n est-elle pas un des traits de la jeunesse. Cette jeunesse qui peu à peu revient au "low tech", se prend d'affection pour les jeux 8 bits, et préfère avoir un téléphone qui ne fait que téléphoner...l'équilibre serait-il sur le point de se rétablir?