Un cadreur d'émission de cuisine qui doit chercher le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma en 48h, une petite fille qui trouve une cassette dans les boyaux d'un sanglier, un directeur d'école qui s'habille en femme ou encore une analyste des rêves; voici quelques personnages du dernier film de Quentin Dupieux. Là, vous devez vous dire : What the fucking fuck ? Et vous avez raison.
Lorsque je me suis déplacé vers mon cinéma quelques heures avant cette critique, j'étais encore puceau de la filmographie de Dupieux, je savais juste pour ses inspirations pour le surréalisme, genre artistique apparu durant la première moitié du siècle dernier. Maintenant initié (ne voyez aucuns liens avec 50 Nuances de Grey), je vais tacher d'essayer de critiquer ce film, le problème étant que je ne sais même pas si j'ai aimé le film. Voyez donc ma note comme un repère sur l’échelle du mind-fuck, le 1 s'apparentant à un épisode de Dora, le 10 à l'internement psychiatrique.
Que dire donc ? Commençons par la réalisation, qui est assez simple, avec des plans fixes. Seul le montage et la narration viendront étoffer ces choix, et ce, surtout pendant la seconde partie du film. Le début peut donc paraître un peu long : les différents personnages sont exposés, avec leurs buts peu commun. Puis le pétage de plomb commencera petit à petit, jusqu'à vous retourner complètement le cerveau. Les codes conventionnels du cinéma sont écrasés au marteau-pilon, on perd nos repères, essayant péniblement de faire la différence entre rêves et réalité. Une mélodie à l'orgue, extrêmement répétitive et constituant l'unique musique du film vient se greffer dans notre cerveau et augmente ce sentiment de flou, de pertes et d'envie d'explications. Cette musique, en plus de nous perdre, nous informe à chaque fois qu'elle apparaît, que le film va devenir encore plus incompréhensible.
Les acteurs sont assez amusants derrière leurs personnages atypiques, et certaines répliques vont feront certainement sourire, voire carrément rire (pour ceux qui l'ont vu, je pense à la scène du directeur et des fleurs). Après, il est difficile de parler de performance d'acteur, car si on retient les personnages et leurs répliques, ce n'est pas à cause du jeu des acteurs mais plutôt à cause de l'ensemble du film. Je dirais peut-être que la petite fille qui joue Réalité a un avenir, tellement son jeu est juste pour son jeune âge.
Vous devez me trouver assez excessif lorsque je dis que ce film est incompréhensible, mais j'ai été tellement troublé que je suis incapable de dire en quelle décennie se passe le film. J'ai l'impression d'être con au moment où j’écris ces lignes, et cette putain de mélodie ne veut pas partir de ma tête... Ainsi, si vous voulez être troublé le temps d'une diffusion, regardez ce film.
UPDATE : Durant les trois années qui ont suivis l'écriture de cette critique, j'ai découvert l'ensemble de la filmographie de Quentin Dupieux, que je considère actuellement comme un des réalisateurs français les plus talentueux. Tenant compte de sa filmographie complète, je trouve que Réalité est son film