Personne ne filme comme Dupieux. La musique est la figure de proue de son travail. Contrairement à toutes ces créations précédentes où les morceaux sont omniprésents, seul le thème lancinant et répétitif de Philip Glass (Music with changing parts) vient ponctuer son récit. Mais ne nous y trompons pas, car le son reste toujours au centre de son œuvre. Jason, personnage principal de Réalité, est en effet à la recherche du plus grand gémissement de l’histoire du cinéma pour que son film soit produit.
Personne n’écrit d’histoires comme celles de Dupieux. Celui-ci n’opère plus de simples mises en abime, mais une renversante plongée dans l’inconscience de rêves imbriqués les uns entre les autres. Le septième art est encore au centre de toutes les discussions avec un hommage aux films d’horreur (le Waves de Chabat a des similitudes avec le Vidéodrome de Cronenberg). Les spectateurs, perdus et non avertis, pourront trouver que l’ensemble n’est qu’une sorte de bouillie intellectuelle, où le montage ne servirait qu’à les embrouiller.
Personne ne comprend les films de Dupieux. Et c’est peut-être sa plus grande force, car il faut les appréhender, les ressentir, tenter de différencier le vrai du faux. L’inconscience, leitmotiv de son cinéma, est une nouvelle fois le thème central de Réalité. Rêves et cauchemars se mélangent dans une construction narrative complexe et torturée. Dans cette brume artistique opaque se dégage une volonté forte et prépondérante : celle de créer et de viser l’innovation, devant et derrière la caméra.