Rebelle
6.3
Rebelle

Long-métrage d'animation de Mark Andrews, Brenda Chapman et Steve Purcell (2012)

Eins, zwei ! Eins, zwei !
Le voilà qui revient avec ses gros sabots !
A peine dix minutes de film que déjà on entend claquer les gentilles bottes de l'oncle Walt et son charmant esprit nostalgique des années 30.


Voir l'étendard Disney flotter avant que le gentil Luxo pixarien ait le droit d'entrer en piste, voilà finalement ce qui résume au mieux l'esprit de ce "Rebelle".
Le savoir-faire du célèbre studio a beau être là, il peine à s'exprimer pleinement dans les bornes étriquées de la maison de Mickey.


Un signe qui ne trompe pas d'ailleurs : on retrouvera dans ce "Rebelle" beaucoup plus de points communs avec "Raiponce" qu'avec les grandes productions Pixar.
Soit dit en passant : quel titre !
Parce que vous voyez ce titre à côté d'une jeune fille à la chevelure de feu qui défie un monde médiéval de son arc vous vous imaginiez déjà que Disney allait nous raconter l'histoire d'une gamine qui s'émancipe ?!
Mais vous rêvez !
Dès que la jeune rebelle veut se libérer de son carcan familial et de ses obligations contraignantes de femme, le monde s'écroule !
Remettre en cause les ordres du pater familias provoque la guerre et change les gens en bêtes sauvages ! (Je ne mens pas : c'est l’intrigue du film)
D'ailleurs, le titre français est un peu traitre, puisque le titre original était "Brave" (courageuse), le courage étant ici (je cite) « d'accepter son destin » (oui comme ça, ça à l'air très joli, mais quand on sait qu'on parle d'une fille qui doit se marier de force c'est plutôt glacial).


Autant donc vous le dire tout de suite : attendez-vous à un final très conservateur et liberticide du genre de ceux qu'on nous sert assez régulièrement et qui consistent à dire qu'en gros, on a le droit de remettre en cause l'ordre établi, mais seulement pour se rendre compte qu'il n’y a pas de meilleur ordre que lui.
Certes, quelques uns souligneront que l'ordre matriarcal fait preuve de flexibilité sur la fin du film, concernant le destin de la gentille petite rebelle.
Malgré tout, à côté des ambitions très modernes de la jeune fille en début de film, elle arrive néanmoins à un consensus qui érige le mariage et la famille traditionnelle comme un sacro-saint inviolable avec aucune tolérance pour des comportements qui se sont pourtant généralisés dès l'après-guerre.
C'est donc ça la bonne morale pour Pixar ?
Moi je dis : « Pouah ! »


Enfin bon...
A discuter autour de moi je suis visiblement le seul à m'émouvoir de ce genre de choses, mais il n'empêche que le spectacle s'en ressent : le début est très bavard et très pataud, l'intrigue quant à elle met du temps à se dévoiler ; quant à la résolution, elle manque clairement d'envergure.
A cela il a fallu que la tradition Disney y ajoute ses quelques chansons nasillardes (bon, ça va y'en a pas trop, mais quand même ! Sacrilège !) ainsi que son humour pas très élaboré à base de scato gentil et d'animaux qui font des grimaces.


Bref, il est bien dommage que ce "Rebelle" soit à ce point lesté de ces poids normatifs car – comme dans "Raiponce" – les personnages secondaires sont bien sympathiques (le roi, la sorcière ou bien encore les membres des différents clans) et les décors et univers sont parfois clairement envoutants.
Pour ce dernier point, il sera d'ailleurs difficile de ne pas y voir le savoir-faire de Pixar. Bien que Mark Andrews ne soit pas pour moi l'un des plus brillants esprits du studio (même si finalement son choix est logique au vu des ambitions de Disney) il faut bien lui reconnaitre aussi une véritable maîtrise des codes cinématographiques, d'où quelques scènes qui savent quand même se faire séduisantes.


Au final, je dirais même qu'il est bien dommage de mettre autant de savoir-faire au service d’un scénario aussi rigide et formaté moralement car ce "Rebelle" avait des ingrédients pour jouer dans la cour des grands, mais au lieu de ça, il a préférer glisser dans les douves de la moraline disneyenne des plus rances...
Alors soyons courageux et soyons rebelles, allons voir autre chose que cette jolie saloperie qui n'honore clairement pas la firme à la petite lampe Luxo...

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le 10 oct. 2017

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