Malheur, j'ai regardé un film se Spielou ! Malheur à nous, tout le monde (ou presque) considère que ce film est un classique !
Mais, le pire, c'est qu'ils pourraient avoir presque raison...
Il y a deux parties dans ce film, qui en font, en fait, un film on ne peut plus bancal (enfin jusqu'à la prochaine critique dans laquelle j'utiliserais cette expression héhé). Je ne ferais aucun reproche aux effets spéciaux, qui ont pris de l'âge. Ils ont le mérite d'être en "dur", ce qui limite les effets du coup de vieux. Même si...
La première partie tout d'abord. Cette longue, très longue mise en place (environ un peu plus de la moitié du film, c'est-à-dire un peu plus d'une heure) est chiante au possible. Quelques effets réussis ne suffisent pas à tempérer le traitement lourdaud du "changement", ce passage pendant lequel un personnage ordinaire ayant une vie ordinaire (comme un dépanneur lambda, pourquoi pas) glisse progressivement d'une vie ordinaire vers une sorte de folie. Sa gestion est désastreuse de bout en bout, les rapports avec la famille et cet homme en plein chambardement sont jetés en pâture au spectateur de la façon la plus invraisemblable possible. Pareil pour le gamin et sa mère. En soi, le kidnapping s'entend bien, mais, mis à part une scène convenue et bien gérée, nous sommes en droit d'attendre bien plus de ce noeud dramatique.
La deuxième partie, enfin, est un peu meilleure. Elle sauve presque le film. C'est celle où nous nous trouvons dans la base. Mise en place, attente, fascination, tout effleure et se ressent - parce que nous aussi, au fond, nous avons envie de les voir ces extraterrestres. Alors le stress, il n'y en a pas vraiment, aucune inquiétude ne vient réellement poindre, aors que certains évènements décrits dans la première partie pouvaient pourtant sérieusement peser sur les consciences.
Entre les deux, il y a une infiltration qui aurait pu être épique, avec une fine équipe de mères, pères et grand pères et mères de famille infiltrant un cordon militaire clos comme une chambre à air juste pour satisfaire une obsession... Mais nous n'aurons droit qu'à quelques punchlines ridicules, des incohérences et quelques hélicoptères aveugles pour satisfaire notre soif d'aventures...
C'est bien dommage, parce que nous comprenons bien ce que Spielou voulait: raconter la rencontre bien sûr, mais aussi tous les chamboulements qu'amène un évènement majeur pour l'humanité. La naïveté, propre à Spielou est dégoulinante, mais ça avait le mérite d'avoir un certain charme. Surtout la scène de "discussion" musicale entre les humains et les ET, passage de son et lumière certes ringards aujourd'hui, mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus. Et puis Spielou est généreux, en montrant les ET et leurs vaisseaux le plus souvent possible- même si au fond ils sont supers moches.
Mais il est incapable, malgré ses moyens dantesques, d'aller plus loin que sa simple ambition théorique.
Et puis merde Spielou, si tu veux tant que ça rejoindre les étoiles, mais je t'en pris, émigre sur la face cachée de la Lune, lâche ta caméra et les biftons pour que les jeunes prennent le relais et lâche nous les baskets, ça nous évitera d'affronter des cohortes de fans subjugués par tant de bêtises mal foutues.