We've got a winner ! I said we have got a winner !

Attention, film à voir en étant préparé, vous allez vivre une expérience cinématographique totalement déroutante qui ne vous laissera pas de marbre. Mais il reste indispensable à voir, que l’on aime ou non le cinéma, ou le sujet en question …. C’est un film éducatif.
On a affaire à un long métrage qui se concentre sur la véritable descente aux enfers de 4 personnages dépendants.
Sara, une femme d’une cinquantaine d’années, veuve, qui vit seule et qui passe ses journées devant la télévision, dont elle est accro. Elle souhaite participer à une émission de télévision et pour cela, se fixe comme objectif de maigrir. Harry, le fils de Sara, environ 25 ans, en couple avec Marion, et ami avec Tyron. Ces 3 derniers personnages sont addicts à l’héroïne et leur seul réel objectif est de pouvoir continuer à se droguer toujours plus…
Il y a quelques rares moments où les personnages semblent un tout petit peu ambitieux, par exemple, lorsqu’Harry communique avec sa mère et lui parle de ses soi-disant projets de fonder une famille, lui propose aussi de lui rendre visite plus souvent, pour l’aider à surmonter sa solitude… Ou encore lorsque Marion parle à Harry de la possibilité de lancer son activité de confection de vêtements… Ces moments reflètent en fait des rêves qui sonnent plutôt faux, car déjà quand ils en parlent, cela aboutit toujours sur des mensonges, qui sont difficilement crédibles pour leurs amis, leurs parents… Mais c’est aussi et surtout parce que même eux ne vont jamais au bout de ce qu’ils disent et cela car en fait ils n’ont pas réellement de projets concrets. Et les images telles que les dessins de confection de lingerie déchirés par terre à côté des bombonnes d’héroïne bien rangées sur la table, la photo de Marion devant une vitrine de magasin que Harry retourne pour y noter le numéro d’un dealer et proxénète, le miroir ou Tyron se voit plus jeune et imagine sa mère lui parlant… nous prouvent bien cela et que c’est juste après, dans ce genre de scène que les personnages finissent par se retrouver dans la réalité avec leurs diverses addictions (sexe et drogues) et qu’ils passent par la même occasion à côté de leurs objectifs et projets.
Tout cela pour dire que lors des rares moments où l’on peut être un minimum optimiste sur leurs avenirs, tout est rapidement terminé quand viennent les scènes de shoot à l’héroïne et aux amphétamines qui sont d’ailleurs extrêmement stylisées et rythmées à grande vitesse notamment grâce à la bande originale. Et cela pour que l’on finisse nous-même par sombrer dans l’horreur.
Ces scènes sont particulièrement bien réalisées avec au moins 3 ou 4 coupes par secondes. On les retrouve un grand nombre de fois dans le film, à chaque fois à des moments stratégiques comme dit précédemment. Et ces scènes finissent elles-mêmes par devenir « addictives » pour nous, car on y voit tout le processus des séquences de consommation de drogues, avec de gros plans détaillant le tout, de la préparation, à l’injection jusqu’à la dilatation des pupilles.
On retrouve donc les échecs successifs des 4 personnages vis-à-vis de leurs objectifs et finalement du rêve américain en général ! Et on les suit donc à travers la toxicomanie dans tous ses états. Du coup, à chacun sa drogue et sa façon de gérer son statut d’accro avec divers résultats qui marchent plus ou moins bien selon eux.
Et d’ailleurs cette différence de situation et cet échec même du rêve américain est le principe même du film et ce qu’il a pour but d’explorer. Et ce n’est pas pour rien qu’il s’appelle requiem for a dream. De base, un requiem fait référence à une prière pour les morts. Mais on se rend compte en fait que le film veut faire mourir les différents rêves, pour la plupart irréalisables ou en tout cas incompatibles avec l’héroïne ou les amphétamines, et ce en explorant les deuils cauchemardesques de Sara, Marion, Harry et Tyron.
Juste une dernière chose pour clôturer cette histoire de rêve, je trouve qu’il est parfois difficile de savoir si les personnages sont dans la réalité ou non… et s’ils croient réellement à ce qu’ils vivent, à leurs relations notamment. En tout cas, il y a pas mal d’exemples et de scènes qui nous font poser la question. Le premier qui nous vient forcément à l’esprit est évidemment le moment où Harry est tellement défoncé, assis sur sa chaise devant le bar, qu’il s’imagine, en y croyant, volant le revolver d’un policier et le narguant avec. On a du mal à imaginer à quel point le niveau de défonce est important.
Une autre scène assez perturbante aussi, lorsque Marion et Harry sont dans le même lit, ils discutent, se touchent, se caressent et pourtant, il y a une séparation, 2 images pour 2 plans différents, 1 pour chaque point de vue des 2 personnages. On se demande du coup, malgré le fait qu’ils puissent s’avouer leurs sentiments respectifs, est ce qu’ils sont réellement sur la même longueur d’ondes… ?
La même chose avec Sara, lorsqu’elle se bat pour tenir son régime. Elle imagine et rêve de vrais repas, c’est une véritable lutte qui est lancé contre son réfrigérateur notamment. Et c’est là que ça devient dur à propos de la réalité car on sait que Sara fait ses efforts en continuant à s’imaginer être une personne importante vis-à-vis de ses « amies » en souhaitant que tout le monde l’aime comme elle le dit. Elle veut être fière d’elle, de toute sa vie, et ce sûrement dans le but de sortir de la solitude dans laquelle elle se trouve. Là-dessus, on peut en fait conclure que tous les beaux moments que souhaitent les personnages ne sont que seulement des rêves et le fruit de leur imagination.
Même au début du film, quand ces moments peuvent paraitre réels, ils ne le sont en réalité pas, car c’est la drogue qui les engendre et non l’amour ou l’amitié comme on pourrait le croire. Et aussi que les mauvais moments genre le manque, la prostitution, la douleur physique… sont à chaque fois ancrés dans la réalité et que les personnages ne peuvent absolument rien faire pour changer quoi que ce soit aux situations en question.
Cela me fait penser à 2 scènes du film qui m’ont particulièrement marqué. La première, nous sommes au milieu de l’automne, le manque d’héroïne se fait sentir et Marion est en manque et se retrouve seule entrain de paniquer chez elle. La scène est filmée en plans très rapprochés pour que l’on sente encore plus la tension et l’énervement de Marion qui n’arrive plus à se supporter elle-même. Le fait qu’elle tourne en rond, qu’elle casse des objets, qu’elle se mette à transpirer, à crier… Pour elle l’attente est devenue insupportable et insoutenable. Tout cela est particulièrement bien mis en scène pour que l’on puisse ressentir le malaise, grâce à la musique rapide, la forte lumière qui en plus d’être éblouissante est insupportable car la séquence dure quand même plusieurs minutes, le temps qui semble durer, l’espace qui semble très confiné grâce à la petite taille de l’appartement… Et cette scène se termine quand Harry revient la voir et lui annonce qu’il n’a pas de drogue à lui fournir. Cela entraine une forte dispute et ensemble, ils décident et proposent que Marion aille se prostituer pour obtenir des doses. A travers cette scène, on se rend compte qu’on a vraiment atteint un point de non-retour premièrement sur les niveaux d’addiction mais aussi sur la relation entre Harry et Marion.
La seconde scène qui m’a marqué, et qui suit d’ailleurs de très près la première, montre Sara dans son appartement. Elle ne va pas bien du tout et a atteint un niveau de folie assez impressionnant. Elle n’arrive plus à faire la distinction entre ce qu’il se passe dans l’émission de télévision et sa réalité dans son logement. Elle imagine le présentateur de l’émission « s’incruster » dans son appartement. Avec une double personnalité, elle se voit à la télévision et à qui elle s’adresse à elle-même. A travers cette scène, on sent la peur, le désarroi, la tristesse, et surtout la honte car en fait tout cela est fait selon elle pour que l’on se moque d’elle justement. Et le moment le plus dur, c’est lorsque Sara quitte la pièce en pleurant et en criant car elle ne supporte plus les mouvements, les paroles et les bruits. Mais la caméra reste plantée, immobile, après son départ et on remarque le calme et le silence pour finalement réaliser (même si on le savait déjà) qui rien de tout cela n’est réel. La scène se termine de cette façon très dur et brutale, pour qu’ensuite un écran noir s’affiche avec l’inscription « hiver ».
Car oui, le film est en fait divisé en 3 parties (qui sont du coup 3 saisons). Mine de rien, c’est un bon moyen pour arriver à se repérer temporellement. On sait qu’environ le film se déroule sur 9 mois. Ça nous sera utile aussi par exemple pour savoir que Sara a augmenté ses doses de speed pendant près de 6 mois avant de sombrer dans la folie. Mais par contre, une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est la longueur de la dernière saison (l’hiver) que vivent les personnages. Vu comment se termine l’automne, on aurait pu croire que s’en était bientôt terminé de leur cauchemar mais ce n’est qu’en fait le début ! Et franchement on ne pouvait pas imaginer une pire fin. Déjà, on voit que toutes les relations, amoureuses, familiales, amicales, qui existaient au début du film, ont totalement disparues, pour si l’on peut dire être remplacé par des relations patient-docteur ou dealer-drogué ou prostitué-micheton.
Et d’ailleurs la fin reste relativement ouverte, et l’on peut imaginer un futur avec des suicides ou autres mais en tout cas, rien de très réjouissant.
Encore une chose qui m’a impressionné, c’est la façon dont jouent Jennifer Connelly et Ellen Burstyn. Sans vouloir remettre en cause les interprétations des 2 acteurs principaux masculins, qui sont tout simplement excellentes, celles des 2 actrices sont clairement un cran au-dessus, elles sont impressionnantes. On ne les voit pas jouer, on les voit droguées, folles… Et c’est ça qui nous met mal à l’aise à ce point.
Enfin la dernière chose qui fait que ce film reste et restera dans les annales, c’est la musique. Cette bande son (entièrement originale) de 33 titres composés par Clint Mansell est parfaitement bien adaptée à chaque scène du film. C’est entre la scène pendant laquelle Marion et Harry fuient l’immeuble par l’ascenseur sur le titre « party » qui me fait dire cela. Les musiques sur les rythmes rapides sont placées à chaque fois aux bons moments, et de même pour celles au rythme plus lent comme le magnifique titre Lux Aeterna qui est le thème principal.
Un petit mot sur un point qui n’est pas un défaut, car à la fin du film, j’ai l’impression de relativement bien connaitre les personnages à la fin du film ainsi que les raisons de leur malaise pour être gentil. Mais simplement j’aurais apprécié que les histoires passées des 4 personnages soient un peu plus développés, pour que l’on comprenne les raisons qui font qu’ils en sont arrivés là où ils en sont aujourd’hui… Pour Marion, plus d’informations sur la relation avec ses parents, Pour Harry, pourquoi ses études n’ont pas aboutis sur un travail sain, pour Sara, quelques informations sur le décès de son mari et pour Tyron, quelles sont les raisons de l’absence de sa mère ? Et d’un point de vue plus globale, il aurait pu être intéressant de savoir comment se sont connu et rencontrés les différents protagonistes de l’histoire. En gros pour faire simple, je pense que rendre plus complexe le scénario en approfondissant la personnalité de chacun des personnages aurait pût être une bonne idée. Tout cela pour dire, en conclusion, que ce film est clairement un pur chef d’œuvre du cinéma des années 2000. On peut ressentir un peu d’étrangeté … Mais l’adjectif que j’ai envie de lui donner est tout simplement « terrifiant » (au bon sens du terme) ! Il a aussi un rôle éducatif car c’est peut-être un film sur l’échec des rêves mais c’est aussi et surtout un excellent film sur la drogue et ses dangers. Messieurs, dames, visionnez sérieusement ce long métrage et je vous assure que vous ne toucherez plus jamais à n’importe quelle drogue de votre vie, et peut être même que vous ne regarderez plus la télévision en portant une robe rouge ….

Babalite38
9
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le 11 juin 2020

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