"Requiem for a dream" n'a rien à voir avec un banal film gore sur les junkies. Pour moi, c'est un impitoyable portrait de société. Le film nous montre des existences vides que les différents personnages du film essaient de combler par un moyen extrêmement pervers, les addictions. Car les dépendance de toutes sortes, c'est ça : un moyen d'essayer de remplir le vide existentiel. Mme Goldfarb n'a vécu toute sa vie durant que pour son mari et son fils et, maintenant qu'elle se retrouve seule, elle est prête à tout - même prendre de manière compulsive des coupe-faim pour perdre du poids - pour passer à la télévision dans une émission débile et y parler ... de son défunt mari et de son fils. Ce dernier, sa petite amie et son pote, voudraient devenir des gens bien, se faire une place dans la société, trouver un sens à leur existence, mais ils deviennent prisonniers de la drogue qui se transforme pour eux, comme pour toute personne souffrant d'addiction, en but vain et obsessionnel. Pour obtenir ce qu'ils veulent, ils sont prêts à subir les pires humiliations. Le film montre extrêmement bien, de façon choquante, comment ces êtres perdent toute dignité. Ils vivent dans un monde sans valeurs, sans repères, dans la vacuité la plus totale. Le film comporte plusieurs scènes dans lesquelles deux personnages sont mis en scène, mais filmés séparément. Le spectateur regarde donc deux films en parallèle et cette rupture de l'image accentue la fracture entre les personnages. Ils sont irrémédiablement seuls, comme le soulignent encore les derniers plans où on les voit l'un après l'autre couchés sur le côté en position fœtale. Je me suis demandée aussi quel sens donner aux nombreux plans où la caméra surplombe les personnages. Peut-être sont-ils là pour montrer que les personnages sont dominés par quelque chose qui les dépasse ? Les regards désabusés des personnages reflètent un monde sans espoir, où même l'amour a rendu les armes. Quant à la musique répétitive, obsessionnelle, hypnotique, elle sonne le glas des illusions.
Iphigénie
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le 30 janv. 2011

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