Va, vois, deviens.
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Nanti d'une affiche française racoleuse et d'un titre qui ne l'est pas moins, Иди и смотри (Va et regarde) est plus une sorte de documentaire qu'un film.
Offrant le point de vue Soviétique sur la folie barbare du régime Nazi, c'est une lente descente aux Enfers de ce que fut l'Occupation, en ce temps-là. Ne nous montrant ni "héros" ni "méchants" au sens cinématographique du terme, c'est un constat traumatique de ce que l'esprit humain peut engendrer de pire.
Parcours intimiste d'un jeune Russe, nous voyons par ses yeux le basculement de son envie de devenir "protecteur" de sa Nation, vers l'incompréhension, la peur et l'horreur d'assister à cette débauche de dégénérescence mentale.
Les Nazis ne sont pas dépeints comme des ennemis mais comme des êtres primaires, bestiaux et agissant dans une frénésie meurtrière et dans une anarchie globale.
Avides de soumissions, de pouvoir et de sang, ils semblent incapables de réagir avec une once d'humanité. Dans le fond, ils sont pourtant humains, puisque depuis toujours -et pour toujours- l'Humain en tant qu'être peut tout aussi bien aider (et aimer) son prochain, tout comme il peut l'annihiler pour un idéal racial, religieux ou social.
Иди и смотри raconte donc le point de vue des Soviets sur cette guerre, mais on peut aussi y voir une allégorie sur ce côté sombre que l'Homme a toujours eu en lui. Et de fait, ce film-docu est réellement horrible à regarder, car ils nous jettent en pleine face notre propre auto-destruction programmée. Les récents évènements nous le rappellent avec force...
Qu'il y ait que 10 morts ou 10 millions, le résultat est le même. Pour quelques "idées" débiles énoncées par un "leader" dégénéré mental -quel qu'il soit- il y a toujours des milliers (ou des millions, selon les cas, mais c'est du pareil au même) de "moutons" pour suivre aveuglément cette doctrine incitant à une haine de ci ou de ça...
Bref, en cette année 43 du film, c'est Hitler et son entourage direct qui dictent, les moutons agissent et la population subit.
Là est donc l'objectif de ce film: nous immerger dans cette situation terrifiante, pour nous faire prendre conscience de cette période catastrophique.
Elem Klimov nous prend littéralement à témoin (beaucoup de champs/contre-champs nous montrent les personnages brisant le quatrième mur et s'adressent directement à nous) -avec ou sans parole- et nous entraine dans ces moments cauchemardesques (spécialement la scène dans l'église, me rappelant l'épisode d'Oradour Sur Glane, où je suis allé par ailleurs) qui sont étouffants, voire repoussants...
Klimov termine son film avec une certaine intelligence: lorsque les responsables du massacre du village sont à la merci des résistants Soviets, ceux-ci ne leur rendent pas la pareille en les brûlants vifs -bien que l'idée soit énoncée explicitement- mais en se montrant moins barbare que les barbare eux-mêmes.
Ils ne seront que fusillés...
Là diverge donc le film avec une certaine réalité d'une certaine catégorie, car nous savons tous qu'en temps de guerre, n'importe quel soldat de n'importe quelle armée, peut devenir barbare selon sa propre part de ténèbres...
Quoiqu'il en soit, Иди и смотри (j'ai du mal avec le titre français...) devrait faire parti des œuvres à voir dans le milieu scolaire, histoire d'apprendre à certains individus bas du front glorifiant toujours l'idéal Nazi, ce que ça a vraiment été.
La fin du film est d'ailleurs très explicite, en nous montrant les images lors de la libération des camps de prisonniers et sa cohorte de cadavres -morts ou pas loin de l'être...
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Créée
le 8 mai 2016
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