"Pendant longtemps, j'ai cru que tu étais l'avenir"

Ecartons d'un revers de main l'idée même qu'il s'agit d'une adaptation, avec ce troisième opus la saga filmique oublie son origine vidéo-ludique. Elle relègue même au second plan son genre film de zombie - central sur les deux premiers films, désormais seulement réellement apparent lors de la séquence de Las Vegas. Non, Resident Evil Extinction est un post-apo pur souche, esthétiquement se réclamant de Mad Max, scénaristiquement se tournant davantage vers Matrix. De ce cocktail surprenant, de ce virage en pleine saga déjà réputée nanardesque à son second opus, ressort un film étonnamment bon. Explications…

La Terre a été ravagé par le virus T... Pas seulement l'humanité, la planète elle-même. La végétation se meurt, les paysages se désertifient, tout trace de vie se voit progressivement contaminée par ce virus tantôt meurtrier tantôt puissant mutagène. Dans cette apocalypse, les survivants se battent pour les maigres réserves d'eau, de nourriture et de carburants. Car dans un monde rempli de zombies, le mouvement est la clé d'une survie ô combien précaire.

Alice est l'une des dernières humaines. Et pourtant elle n'est plus tout à fait humaine, car en amont de l'épidémie, lors de ce qui n'était alors que les incidents de Raccoon City, la corporation Umbrella a expérimenté le virus T sur elle. Comme quelques rares autres sujets, celui-ci a réagi d'une manière singulière à son contact. Alice a muté, elle est devenue plus forte, plus rapide, boostée par le virus. Mais là où Alice est unique, c'est que le virus n'a pas pris le contrôle, il a agi en symbiose avec elle, et la croissance de ses pouvoirs semble exponentielle. Mais si exceptionnelle que cela la rend, Alice souhaiterait surtout laisser l'enfer de cette apocalypse derrière elle. Aussi quand elle croise un petit groupe de survivants, menée par la courageuse Claire Redfield, Alice se joint à eux et ensemble, ils se mettent en quête de la mythique Arcadia - havre de paix non infecté par l'épidémie où une communauté aurait réussi à se reconstruire.

Pour Umbrella, dont les instances dirigeantes, les forces armées et les scientifiques ont réussi à se cacher sous terre, Alice est la solution à l'épidémie. Dans le secret de sa fusion avec le virus T se cache à la fois le remède à l'épidémie et l'accès à un nouveau stade de l'évolution. Le docteur Alexander Isaacs en est en tout cas persuadé, et ses recherches tournent à l'obsession envers la jeune femme. La clonant sans cesse, tuant vainement ces Alice de laboratoire en cherchant à reproduire l'expérience vécue par l'originale, il se heurte à une impasse malgré le développement d'anti-virus partiel qui modifient le comportement des créatures - les rendant plus intelligent, conscients d'eux-mêmes, mais sans ôter leur agressivité. Pour avancer, il doit récupérer Alice, ou tout du moins son ADN intact, ainsi commence sa traque.

La partie post-apo apporte une vrai plus-value sympathique, et une tension permanente. Les survivants tombent comme des mouches dans un monde hostile pour l'humanité, et au milieu duquel Alice se retrouve forcée de mener une guerre ouverte contre Umbrella. Les pouvoirs de la magnifique Milla Jovovich prennent dans cet opus une dimension messianique, soulevant des pierres dans son sommeil telle une jedi. Ils sont surtout sublimés dans la scène de l'attaque des corbeaux, qui connait une montée en tension progressive avant de se conclure en tempête de feu contrôlé par l'héroïne.

Face à une Alice au sommet de sa puissance dans la saga, le scénariste Paul W.S. Anderson oppose le meilleur méchant des 6 films - devant le traître James Purefoy du premier opus. Alexander Isaacs (Iain Glen) est incontrôlable, savant fou qui utilise l'arsenal d'Umbrella à ses fins sans reconnaitre aucune autorité, prêt à sacrifier tous ses collaborateurs dans sa quête du contrôle du virus T. Il peut déjà donner des sueurs froides au début du film quand on assiste au massacre des clones d'Alice dont il est responsable, et plus le long-métrage avance, plus il devient monstrueux, véritable agent Smith de notre Alice messianique, Umbrella étant ici la matrix qui abrite en son sein l'infection qui va la dévorer de l'intérieur.

Là où le film dénote réellement dans cette saga bordélique, c'est qu'il sait se conclure à la perfection. L'explication en est pourtant simple: les 3 et 4ièmes films ont été écrit ensemble, d'où le fait que pour une fois, le scénariste savait où il allait. Envolée vers l'utopique mirage d'Arcadia pour Claire et ses protégés, duel au sommet entre Isaacs et Alice dans les installations d'Umbrella, déchainement de pouvoirs coloré par la touche si poétique des "mort" et "naissance" métaphoriques de la nouvelle Alice, discours de menace à Wesker, pdg d'Umbrella terré sous Hong-Kong et qui doit désormais s'attendre à la visite d'une Alice vengeresse souhaitant purifier la planète de la gangrène qu'Umbrella représente. Tout sonne juste dans ce final!

WeaponX
7
Écrit par

Créée

le 11 août 2022

Critique lue 83 fois

WeaponX

Écrit par

Critique lue 83 fois

D'autres avis sur Resident Evil : Extinction

Resident Evil : Extinction
FloBerne
7

,Ah ouais, ils étaient quand même perchés les mecs

Contrairement à ce que beaucoup pensent, la saga "Resident Evil" n'est pas si mauvaise que cela. Enfin, c'est purement personnel, hein, mais j'adore ces films. Oui, comme je vous l'avais déjà appris...

le 15 juil. 2015

11 j'aime

5

Resident Evil : Extinction
LeTigre
6

Survie dans un désert empoissonné par le virus-T.

Contrairement au second opus, j’avais un peu plus d’espoir sur la réussite de ce troisième volet suite au choix judicieux du réalisateur de Russell Mulcahy, bien plus expérimenté que le jeune...

le 26 avr. 2020

8 j'aime

7

Resident Evil : Extinction
E-Stark
5

Alice, reine du désert.

Avec un titre pareil, on aurait pût croire à la fin de la saga. Mais il n'en n'est rien car ce « Resident Evil : Extinction », troisième volet de la saga éponyme, nous laisse sur une fin ouverte et...

le 8 févr. 2012

5 j'aime

Du même critique

House of M
WeaponX
8

Wanda au pays des merveilles

Un crossover entre l'équipe des Astonishing x-men de Whedon et les New Avengers de Bendis, supervisé par ce dernier et dessiné par Coipel. Bref: House of M. Graphiquement, le dessinateur français...

le 22 juil. 2016

8 j'aime

4

Carnival Row
WeaponX
10

"You're so lost Philo..."

Amazon annonçait une série avec en tête d'affiche Orlando Bloom (l'un des trois acteurs dont je pourrais voir n'importe quel projet) et l'envoutante Cara Delevingne que j'apprécie à chaque film...

le 25 nov. 2019

7 j'aime

1