Le pauvre, l'aisée et le super bourge : étude sociologique très fine de l'Angleterre du XIXe siècle

James Ivory est un réalisateur délicat, aux plans raffinés qui en disent long.


Dans Retour à Howards'end, il propose une vision de l'Angleterre du XIXe siècle à travers l’observation de trois strates sociales : les pauvres, la working class de John Lennon dans Working class hero, les bourgeoises suffisamment aisées qui n'ont pas besoin de travailler (Emma Thompson, Helena Bonham-Carter) et les super bourges qui vivent de leurs rentes immobilières, possèdent de somptueuses demeures à Londres et notamment à Howard's End (Anthony Hopkins et sa famille).


Le film évoque de façon nuancée et pourtant assez radicale les interactions de ces classes sociales et les clivages existant entre les pauvre et les super bourges dans la société victorienne du XIXe siècle.


On n'est pas loin de la phrase de Don Salluste-De Funès dans la folie des grandeurs : "les pauvres, c'est fait pour être très pauvres et les riches, très riches, ça, c'est pour Salluste".


Le personnage d'Anthony Hopkins le dit d'ailleurs explicitement : "Il y a des riches et des pauvres et c'est très bien comme ça, on ne saurait inverser le cours des choses".


Bref, il ne fait pas bon être pauvre dans ce contexte social où "à 20 ans lorsque tu n'es pas en poste, tu risques de te retrouver au chômage toute ta vie". Heureusement, parfois, on trouve des âmes généreuses comme Emma Thompson et sa soeur...


Lent, posée, magnifique, la photo rappelle certains tableaux impressionnistes et les couleurs utilisées par Turner.


Le portrait brutal de la société clivée rappelle un peu l'ambiance de From Hell, la BD d'Alan Moore et le Docteur Jekyll et Mr Hyde de Victor Fleming, avec Spencer Tracy et Ingrid Bergman.


La propriété de Howard's End réveille les mesquineries des uns, la poésie des autres, le destin funeste de certains. C'est le lieu de convergence de toute les histoires.


Sublime.

Zardu
9
Écrit par

Créée

le 20 févr. 2018

Critique lue 448 fois

Fitch zardû

Écrit par

Critique lue 448 fois

D'autres avis sur Retour à Howards End

Retour à Howards End
Latrouille
8

Always the bun

L’Angleterre, c’est ma dope : la bouffe, la politesse, la bière, les maisons alignées, l’uniforme à l’école, les jokes fines et potaches à la fois, les saucisses aux oeufs au petit déj, les claviers...

le 4 avr. 2017

11 j'aime

Retour à Howards End
EricDebarnot
7

Pour l'esprit plus que pour le coeur

Complexité de l'histoire ici narrée (les états d'âme de la bourgeoisie anglaise à un moment de basculement de la société britannique toute entière), perfection de l'interprétation (entre Anthony...

le 18 févr. 2016

6 j'aime

2

Retour à Howards End
Caine78
5

Critique de Retour à Howards End par Caine78

Autant j'avais beaucoup aimé « Les Vestiges du jour », autant ce « Retour à Howards End » m'a laissé nettement plus dubitatif. La réalisation de James Ivory est impeccable, c'est bien éclairé, bien...

le 24 avr. 2018

4 j'aime

Du même critique

Gatsby le Magnifique
Zardu
9

Attention chef d'oeuvre ! Un film qui porte bien son nom

Le scénario est de Coppola. Avec ça, je me disais d'emblée qu'on était bien parti. Mon optimisme a été récompensé. Pourvu d'une photographie ultra léchée, "Gatsby le magnifique" vous transporte dans...

le 27 nov. 2014

5 j'aime

1

Sept jours en mai
Zardu
9

Rod Serling Meets Frankenheimer : tuerie à l'arrivée !

Ah la bombe de tuerie atomique que c'est ce film. Woao, j'en suis encore tout émoustillé. Faut dire que je suis un fan inconditionnel de Rod Serling. J'ai vu et revu les 155 épisodes de Twilight zone...

le 27 juin 2014

5 j'aime

L'Échelle de Jacob
Zardu
9

L'un des meilleurs films de guerre jamais réalisés

J'ai coutume de penser que l'ellipse et les images furtives sont bien plus efficaces que les gros plans didactiques dès qu'il s'agit de foutre les boules et de terroriser en profondeur. "L'échelle de...

le 28 avr. 2014

4 j'aime

1